Les deux anciens chefs d’État se sont rencontrés hier à Ambatobe. Une rencontre en catimini, sous la houlette d’une entité internationale. Secrète. Tel serait le caractère de la rencontre qui s’est tenue hier, dans l’une des résidences du lotissement Belle vue, à Ambatobe. « Qui vous a parlé de cette rencontre ? Il s’agit d’une réunion secrète. Vous ne devriez pas être ici », a affirmé l’un des agents chargés de la sécurité des personnalités présentes à la réunion, tout en demandant à ce qu’aucune photo ne soit prise, s’agissant « d’une propriété privée ». Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, ancien chefs d’État, sont les principaux acteurs de cette réunion secrète. À leurs côtés, au regard des blasons sur le flanc d’une des voitures garées devant l’entrée de la résidence où s’est déroulée la rencontre, une délégation de l’Union africaine (UA). L’organisation continentale qui a dépêché l’ambassadeur Ramtane Lamamra, son Haut représentant « pour faire les armes en Afrique », afin de bétonner les rangs de la délégation des médiateurs internationaux pour rapprocher les protagonistes de la crise. La représentation de l’UA, du reste, a été de ceux qui ont initié une première rencontre entre « les députés pour le changement » et le pouvoir, dans les locaux de son bureau de liaison, à Ankorondrano le 24 avril. Un premier pas dans l’initiative de recherche de consensus entre les parties antagonistes qui s’est soldé par un échec. Les députés frondeurs ont, en effet, immédiatement claqué la porte des négociations. En coulisse, l’éventualité de l’ouverture de la recherche d’issue consensuelle à la crise est l’un des motifs évoqué de ce refus de négocier. « Ils veulent que nous taisions la voix de la population », a affirmé un élu contacté. À entendre les discours débités sur le parvis de l’hôtel de ville depuis, et dans les chefs lieux de province le week-end dernier, cette « voix de la population » serait de prime abord l’exigence d’une démission « préalable » du président de la République, du gouvernement et des chefs des institutions parlementaires. Une première « Un préalable », mis en avant par « les députés pour le changement », comme condition à leur participation aux pourparlers ayant comme facilitateurs le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Il a été, par ailleurs, affirmé sur l’ancienne place du 13 mai, lundi, que les élus de l’opposition privilégient le dialogue initié par les médiateurs nationaux, plutôt que celui conduit par les acteurs internationaux. Après la déconvenue de la première tentative du 24 avril, la communauté internationale semble tenter de contourner l’intransigeance des députés. Ce, en approchant les chefs des deux principales formations politiques dont sont issues les frondeurs, le « Tiako i Madagasikara » (Tim), et le groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar). Sur le parvis du siège de la magistrature de la capitale, lundi, maître Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a souligné que « les députés sont les seuls interlocuteurs dans les négociations ». La députée du premier arrondissement d’Antananarivo a affirmé que « les rencontres qui se font en secret n’ont aucun impact sur la lutte que nous menons sur terrain ». La partie est, de prime abord, loin d’être gagnée. L’UA a néanmoins réussi le tour de force de réunir dans un même lieu et au même moment pour une entrevue, les deux principaux protagonistes de la crise de 2009. Le dernier face-à-face entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina s’est fait lors du sommet des chefs d’État, pour la réconciliation nationale conduite par le FFKM en 2015. La rencontre avec les anciens présidents, dont Didier Ratsiraka, figure pourtant dans le programme du médiateur de l’UA et de celui de Joaquim Chissano, émissaire de la Communauté des États d’Afrique australe (Sadc), arrivé hier. Approcher Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, en particulier, pourrait toutefois ne pas être anodin. Quelle que soit l’inflexibilité des députés frondeurs, il est peu probable que le TIM et le MAPAR naviguent sans tenir compte du cap fixé par leur capitaine respectif. Garry Fabrice Ranaivoson
Les deux anciens chefs d’État se sont rencontrés hier à Ambatobe. Une rencontre en catimini, sous la houlette d’une entité internationale. Secrète. Tel serait le caractère de la rencontre qui s’est tenue hier, dans l’une des résidences du lotissement Belle vue, à Ambatobe. « Qui vous a parlé de cette rencontre ? Il s’agit d’une réunion secrète. Vous ne devriez pas être ici », a affirmé l’un des agents chargés de la sécurité des personnalités présentes à la réunion, tout en demandant à ce qu’aucune photo ne soit prise, s’agissant « d’une propriété privée ». Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, ancien chefs d’État, sont les principaux acteurs de cette réunion secrète. À leurs côtés, au regard des blasons sur le flanc d’une des voitures garées devant l’entrée de la résidence où s’est déroulée la rencontre, une délégation de l’Union africaine (UA). L’organisation continentale qui a dépêché l’ambassadeur Ramtane Lamamra, son Haut représentant « pour faire les armes en Afrique », afin de bétonner les rangs de la délégation des médiateurs internationaux pour rapprocher les protagonistes de la crise. La représentation de l’UA, du reste, a été de ceux qui ont initié une première rencontre entre « les députés pour le changement » et le pouvoir, dans les locaux de son bureau de liaison, à Ankorondrano le 24 avril. Un premier pas dans l’initiative de recherche de consensus entre les parties antagonistes qui s’est soldé par un échec. Les députés frondeurs ont, en effet, immédiatement claqué la porte des négociations. En coulisse, l’éventualité de l’ouverture de la recherche d’issue consensuelle à la crise est l’un des motifs évoqué de ce refus de négocier. « Ils veulent que nous taisions la voix de la population », a affirmé un élu contacté. À entendre les discours débités sur le parvis de l’hôtel de ville depuis, et dans les chefs lieux de province le week-end dernier, cette « voix de la population » serait de prime abord l’exigence d’une démission « préalable » du président de la République, du gouvernement et des chefs des institutions parlementaires. Une première « Un préalable », mis en avant par « les députés pour le changement », comme condition à leur participation aux pourparlers ayant comme facilitateurs le Conseil œcuménique des églises chrétiennes de Madagascar (FFKM). Il a été, par ailleurs, affirmé sur l’ancienne place du 13 mai, lundi, que les élus de l’opposition privilégient le dialogue initié par les médiateurs nationaux, plutôt que celui conduit par les acteurs internationaux. Après la déconvenue de la première tentative du 24 avril, la communauté internationale semble tenter de contourner l’intransigeance des députés. Ce, en approchant les chefs des deux principales formations politiques dont sont issues les frondeurs, le « Tiako i Madagasikara » (Tim), et le groupe des partisans de Andry Rajoelina (Mapar). Sur le parvis du siège de la magistrature de la capitale, lundi, maître Hanitra Razafimanantsoa, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a souligné que « les députés sont les seuls interlocuteurs dans les négociations ». La députée du premier arrondissement d’Antananarivo a affirmé que « les rencontres qui se font en secret n’ont aucun impact sur la lutte que nous menons sur terrain ». La partie est, de prime abord, loin d’être gagnée. L’UA a néanmoins réussi le tour de force de réunir dans un même lieu et au même moment pour une entrevue, les deux principaux protagonistes de la crise de 2009. Le dernier face-à-face entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina s’est fait lors du sommet des chefs d’État, pour la réconciliation nationale conduite par le FFKM en 2015. La rencontre avec les anciens présidents, dont Didier Ratsiraka, figure pourtant dans le programme du médiateur de l’UA et de celui de Joaquim Chissano, émissaire de la Communauté des États d’Afrique australe (Sadc), arrivé hier. Approcher Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina, en particulier, pourrait toutefois ne pas être anodin. Quelle que soit l’inflexibilité des députés frondeurs, il est peu probable que le TIM et le MAPAR naviguent sans tenir compte du cap fixé par leur capitaine respectif. Garry Fabrice Ranaivoson