Mots croisés


Les linguistes (Brandes, Brandstetter, Kern, Van der Tuuk, Ferrand, Dempwolff, Dahl, Dyen, Adelaar, Rajaonarimanana, etc.) sont unanimes: la langue malgache, une à travers les nuances de ses dialectes, appartient à la branche occidentale des langues malayo-indonésiennes (ou malayo-polynésiennes). Siméon Rajaona (1973) concluait que 80% des radicaux de la langue malgache sont indonésiens. L’écriture SORABE (arabico-malgache), apanage des «maîtres de la bénédiction» antemoro, dans le Sud-Est de Madagascar, parvint à Antananarivo, en 1802, sous le règne d’Andrianampoinimerina. Qu’étaient les mots «KISARY» (dessiner) et «MANORATRA» (écrire), hérités d’Indonésie bien plus tôt  À 20 kms d’Antananarivo, chez les Andriantompokoindrindra d’Ambohimalaza, la danse du «soratra» suivait des figures imposées, donc des dessins. Signalons ce prince Andriantompokoindrindra, fils de Ra-Lambo (seigneur Sanglier/Cochon/Taureau), petit-fils d’Andria-Manelo (nom d’un Zafiraminia originaire de Sumatra, et descendant de Ra-Koube, que Gabriel Ferrand signale à Alasora d’après un manuscrit ancien  Ou apparition furtive d’un Portugais rescapé d’un navire échoué ), arrière-petit-fils de Ra-biby (Ra-Habib, nom d’un Arabisé  Ou Seigneur-caïman selon le proverbe «Biby tsy mihoatra ny mamba», n°777 des Ohabolana de Cousins et Parrett  ou Ra-babi, Monsieur Cochon/Seigneur-sanglier, du mot malais de l’animal ). Ce prince, inventeur du partage inégal entre époux (le «kitay telo an-dalana»), d’inspiration juridique arabo-musulmane, portait, semble-t-il, le turban, le «hamama», de l’arabe «amama» (dictionnaire Richardson, 1885). En Asie du Sud-Est, une «homophonie miraculeuse» a facilité le rapprochement du mot indonésien (SURAT), désignant l’écriture, avec le mot arabe (SURA), se rapportant aux versets du Coran. Le mot malgache de «TARATASY» est à rapprocher du «KARATASI» (swahili, Afrique orientale) comme aussi bien du «KERTAS» (malais-indonésien). L’hypothèse linguistique et archéologique de colonies indonésiennes en transit sur les côtes orientales d’Afrique, avant de passer aux Comores et d’arriver à Madagascar, pourrait expliquer ce transfert. Les anciens Malgaches fabriquaient deux types de papier, selon l’extraction des fibres: «HATSO» (coton) ou «SOTRA» (tige de manioc). À l’instar du vêtement «TAPA», les anciens Malgaches se servaient également de fibres végétales pour obtenir du fil à tisser: le «LAMBA» ou «SARIMBO» pouvait être «SARIKA» (à partir des fibres du bananier) ou «HAFOTRA» (arbrisseau fibreux). Les deux mots «lamba» et «sarimbo» (vêtement en fibre végétale) sont relevés par Otto Christian Dahl dans la liste des mots malgaches dont il a retrouvé les synonymes-homonymes dans la langue Maanjan, au Sud-Est de l’île de Bornéo, en Indonésie. Et, si l’étymologie du mot «TANTARA» (histoire, souvenirs, faits d’armes) est à trouver dans le malais «lontar» pour palmier, dont les fibres servirent à fabriquer du papier, dans l’Asie du Sud-Est pré-islamique  Et, si on trouvait une association d’idées entre le plant «TAPIA» (mûrier) et le «TAPA» (le vêtement obtenu de fibre végétale, comme le mûrier) Dernier clin d’oeil de mes conjectures historico-linguistiques, aux assises de la FIDEF (Fédération internationale des Experts-Comptables francophones). Leur activité comptable comporte une part essentielle de Chiffres (ISA) et de Calculs (KAJI). Par un transfert de sens, le mot de «KAJI», qui désigne en Asie du Sud-Est les études (Mengkaji ou MIKAJY = étudier), en est devenu, en malgache, à signifier le «calcul». Kaji bahasa: étude + langue = philologie. Kaji bintang: étude + VINTANA (les destins) = astrologie. Kaji langit: étude + LANITRA (le ciel) = astronomie. Kaji  bumi: étude + terre = géologie. KIRA-KIRA, en langue malaise, signifie «arithmé­tique», mais devient «manipuler» en langue malgache. KIRAKIRA KAJI, manipuler les comptes, pourrait dès lors s’appliquer à «Experts-Comptables». En toute éthique et confidentialité. Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
Plus récente Plus ancienne