La maitrise de l'eau dans la plaine d'Antananarivo


Pour la mise en valeur des vastes plaines de l'Imerina, les rois qui se succèdent, encouragent leurs sujets à ériger des digues, des diguettes, des barrages pour obtenir l'eau d'irrigation. Ce, à partir des rivières qui traversent le territoire, à savoir Varahina puis Ikopa, Sisaony, Mamba... Andrianampoinimerina, notamment, ne cesse de répéter à ses sujets: « Maintenant que la paix est instaurée en Imerina, je n'ai plus qu'un ennemi, la famine. » Ces constructions lui servent aussi à délimiter les six grands territoires et les terres des différents clans qui les peuplent. « Si j'installe une borne, certains risquent de la déplacer au détriment des autres», dit-il, avant de poursuivre: « Ce qui ne peut qu'engendrer des conflits fonciers et je ne veux pas que vous vous battiez. » En outre en Imerina, les plaines ne se situent pas à la même altitude. Aussi toutes les infrastructures permettent-elles de régulariser le débit des eaux pour éviter d'un côté la sécheresse, de l'autre l'inondation. D'ailleurs, l'irrigation des rizières provoque de nombreux litiges et le souverain ne manque pas de décréter des peines sévères contre quiconque bloque ou détourne l'eau. En fait, il s'adresse surtout à ceux qui sont susceptibles d'abuser de leur autorité ou de leur puissance, c'est-à-dire les Grands du royaume et les riches. Dans ses directives, Andrianampoini­merina invite vivement les Tsimahafotsy, les Tsimiam­boholahy et les Antehiroka à bien préserver ces infrastructures, à les réparer dès qu'il y a une petite faille... Il leur suggère également de libérer les eaux des déversoirs durant la saison des pluies pour éviter que les rizières ne soient immergées. À l'époque, si l'on a pu avoir une vue aérienne de l'Imerina, « on aurait vu de grandes lignes plus ou moins droites, sillonnant les vastes plaines du sud au nord et d'est en ouest, ainsi que des traits plus petits dessinant des figures géométriques et entourant le vert des rizières en pleine culture ». Andrianampoinimerina ne se contente pas de réparer les digues existantes, telles le Vahilava d'Andriamasinavalona, partant d'Alasora vers l'ouest et qui arrose une partie de la plaine du Betsimitatatra; il en construit de nouvelles. Il lui arrive aussi d'en détruire pour les monter en d'autres endroits dans le but de gagner des terrains. Outre Vahilava, l'une des digues anciennes connues est celle qui porte le nom d'un ancien seigneur de Namehana, Andriambolanambo. Elle commence au sud d'Antananarivo, plus précisément au sud de Soanierana, à Ankazo­masina, se termine à Ambodifasana en passant par Ouest-Ambohijanahary, Isotry, à l'ouest d'Antanimena, d'Ivandry, d'Alarobia, de Soavi­masoandro et de Belanitra. À partir de cette longue digue, le souverain en fait construire d'autres qui lui sont perpendiculaires ou parallèles. La première, Dinta, part du nord de la rivière Mamba jusqu'à Ambatolampy-Antehiroka à l'est, avec un déversoir à Manampisoa. Comme au sud de Dinta il existe des rizières, Andrianampoinimerina crée une autre digue, plus ou moins parallèle au Fefilohanandriambolanambo qui lui permet, en outre, de séparer les terres des Tsimiam­boholahy de celles des Antehiroka. Deuxième digue de l'Avaradrano, Ampefi­lohanamehana est aussi construite à partir de celle d'Andriambolanambo. Son nom s'explique par le fait qu'elle relie Namehana à Analatsilefika et départage les Tsimahafotsy et les Tsimiamboholahy. Cette construction est doublée de deux réservoirs creusés à Ampisaka et à Anketsa pour recevoir les eaux de la rivière Toalaza. Une digue du même nom se trouvait à l'époque entre Meri­mandroso et Mananina. À partir de cette dernière localité, Andrianam­poinimerina fait construire deux digues d'ouest en est en passant, entre autres, par Belanitra, Antsarasaotra, Ambato­lampy. Il fait alors détruire la digue Toalaza, ce qui lui permet d'étendre les rizières. Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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