Décision historique de la Cour Suprême du Kenya


Le vendredi 1° septembre 2017, la Cour Suprême du Kenya, l'équivalent de la Haute Cour Constitutionnelle à Madagascar, a invalidé l'élection du Président sortant Kenyatta. Une décision exceptionnelle, sans précé­dent en Afrique. Un coup de théâtre élec­toral salué unanimement par les hommes de droit , les forces de changement et la société civile de tous les pays africains. Pourtant l'élection présidentielle du 08 août 2017, s'est déroulée comme d'habitude: annonce de la victoire du Président sortant dès le 1e tour, télégram­mes de félicitations venant des homolo­gues chefs d'état, reconnaissance du bon déroulement du processus électoral par les observateurs nationaux et inter­nationaux. Personne ne s'attendait à la décision de David Maraga, président de la Cour Suprême en annulant le résultat du scrutin. Là où le pouvoir exécutif exerçait toujours une autorité sur les autres institutions, là où le Président sortant possédait toutes les cartes pour manoeuvrer l'élection en sa faveur, ce qui s'est passé, au Kenya a provoqué une rupture. Des irrégularités commises par la Commission Électorale, notamment dans la transmission et l'exploitation des procès verbaux, ont été dénoncées par l'opposant Raila Odinga et reconnues par la Cour Suprême dans son jugement.Quand la justice prend ses responsabilités, il n'y a plus de raison de régler les crises électorales dans la rue. Sans triomphalisme, l'Afrique anglo­phone, malgré des dérives internes, a donné ici, une leçon de démocratie à l'Afrique francophone. Ce qui s'est passé au Kenya va-t-il faire tâche d'huile en Afrique pour éviter les coups d'état électoraux, garantir l'alternance démocra­tique et asseoir un État stable respectueux de la primauté du droit. Il faut à l'Afrique des Institutions fortes, dirigées par des hommes forts,indépendants, à l'instar de la Cour Suprême du Kenya. Les premières réactions du Président sortant Kenyatta étaient louables. Il reconnaissait la décision de la Cour Suprême. Mais plus tard, enfermé par sa cour royale et ses courtisans, il a repris le langage habituel des dirigeants afri­cains contre l'indépendance des juges. Maintenant, l'ambiance euphorique du début septembre est devenue délétère au fil du temps. Des surenchères de violences verbales s'annoncent au risque de tourner aux violences tout court. On espère que cet acquis considérable au Kenya puisse durer et servir d'exemple. Il pourra en être ainsi à condition qu'il soit, non seulement la conséquence du comportement d'un homme exemplaire, mais aussi le résultat des rapports de production des forces productives: poli­tiques, économiques, sociales et intellec­tuelles, dans une société consensuelle , en confiance. Par André Rasolo
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