Aina Kuric - « Madagascar peut faire mieux en tourisme »


Aina Kuric, députée française d’origine malgache assiste aux assises à l’hôtel Carlton. Lors d’une interview exclusive avec la parlementaire, elle confie son appréhension sur les assises. • Que pensez-vous de la portée de votre élection ici à Madagascar ? - Je ne m’attendais pas à ce que mon investiture, ma campagne électorale, mon élection et la suite de mon parcours soient autant diffusés à Madagascar. Je m’en réjouis parce que je pense que c’est important quand on est d’un pays où il y a beaucoup d’attente d’espoir et de besoin de renouveau, d’avancer, peut être un peu de dynamique avec des ondes un peu plus positives. • Que pensez-vous des conférences auxquelles vous avez assisté jusqu’ici ? - Jusqu’ici, je trouve que c’est intéressant parce que je découvre la coopération décentralisée pendant ces assises. Je sais qu’il a eu de premières assises en 2006, auxquelles je n’ai pas assisté. Il s’est passé douze ans entre les deux éditions, et je pense que c’est aussi significatif. • Depuis 2006, y a-t-il eu des changements par rapport aux coopérations qui ont déjà existées entre Madagascar et la France ? - Les configurations ne sont plus les mêmes aujourd’hui. En 2006, il y avait vingt deux régions en France et vingt deux régions à Madagascar, avec seulement une espèce de cohérence, de jumelage entre les différentes régions. Depuis 2016, en France on ne compte plus vingt deux régions mais treize régions administratives. Il y a eu des partenariats qui ont commencé, mais suite à cette nouvelle carte, d’anciennes régions ne travaillent plus avec les collectivités malgaches, notamment l’Auvergne ou encore la Picardie qui ont un peu interrompu le petit lien qu’elles avaient avec les collectivités malgaches. • Pour vous, quels intérêts portent ces assises ? - Je pense que ces assises tombent très bien, car elles tombent une année où il y aura une élection présidentielle à Madagascar. Elles tombent aussi, justement, après la nouvelle carte des régions de France, donc maintenant on sait à quoi s’en tenir et on va devoir s’adapter. Ma venue ici, c’est pour pouvoir essayer de créer un lien entre les collectivités françaises et les collectivités malgaches. C’est aussi de promouvoir le concept de la coopération décentralisée, parce qu’aujourd’hui il y a aussi un grand manque de connaissance sur cette coopération. Ce qui est intéressant dans la coopération décentralisée, c’est la relation de proximité. Ce n’est plus uniquement une relation d’État à État, autrement dit Mada­gascar et la France qui sont des partenaires de longue date, mais aussi une relation entre chaque citoyen. La coopération, ce n’est pas seulement avoir deux maires qui échangent, mais vraiment de créer un lien entre les deux territoires. • À votre avis, que faudra-t-il faire pour maintenir les coopérations et les rendre pérennes ? - Il faut être capable de se dire qu’il faut créer un vrai lien pour que demain, les deux territoires gardent ce lien fort et indispensable. Pour ce faire, il faut voir le bon territoire malgache qui va pouvoir travailler avec le bon territoire français, par rapport aux enjeux et aux besoins des deux territoires. C’est-à-dire, quels sont les territoires qui ont des enjeux similaires. Par exemple, quand je pense à Champa­gne, je pense plutôt au Nord de Madagascar où il y a des plantations de vanille, où il y a des enjeux économiques sur toute cette partie de Madagascar. • Avez-vous un domaine de coopération que vous affectionnez particulièrement ? - Le tourisme sans hésitation. En France, nous avons un véritable point tourisme qui est d’augmenter le nombre de visiteurs et le nombre de nuitées sur le territoire. Pour moi, Madagascar a les mêmes enjeux. Deux cent cinquante mille visiteurs chaque année, ce n’est pas suffisant. Madagascar peut faire mieux, peut créer de l’emploi, peut créer de la valeur ajoutée et créer des entreprises sur le territoire grâce au tourisme. Propos recueillis par Loïc Raveloson
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