Des avœux


A l’image de l’élection présidentielle, le taux de participation à la cérémonie de présentation de vœux hier à Iavoloha a été le plus faible de l’histoire. Le tiers des invités n’a pas daigné faire le déplacement. Pour la première fois dans les annales, le Premier ministre a boudé la cérémonie alléguant un malaise alors que son protocole a été aperçu sur place. Avec lui, tous les ministres Mapar du gouvernement ont snobé la cérémonie. Un des avoeux pour le président par intérim. Et bien évidemment le candidat Andry Rajoelina a été le grand absent d’hier à Iavoloha de même que l’ancien président Hery Rajaonarimampianina, dont on comprend l’absence étant donné que c’est lui qui aurait du diriger la cérémonie, son mandat court jusqu’au 25 janvier. à cause de l’interprétation de la Constitution par la HCC, sa démission trois mois avant la présidentielle a été definitive. Une situation unique au monde. Ainsi, il n’y aura pas de passation de pouvoir entre le président sortant et son successeur. Beaucoup de députés et de sénateurs n’ont pas honoré l’invitation du président par intérim. C’est juste un constat étant donné leur absentéisme légendaire même lors des sessions parlementaires. Contre toute attente, le candidat Marc Ravalomanana était à Iavoloha mais c’était peut-être plutôt pour ne pas laisser seule son épouse de maire d’Antananarivo que par respect des valeurs républicaines. A preuve, il a snobé la proclamation des résultats provisoires du second tour de la présidentielle par la Ceni. Voilà donc la république déchiquetée par les considérations personnelles, les perceptions politiques. Le clan Mapar a toujours contesté le fait que le président par intérim se permet l’insolence d’organiser cette cérémonie traditionnelle de présentation de vœux à 24 heures de la proclamation des résultats officiels par la HCC. Si Rivo Rakotovao a été sacré président par intérim, c’est la faute à la Constitution votée en 2010 conçue et présentée au référendum pendant la Transition. Et si l’honneur échoit à Rivo Rakotovao, c’est la faute à personne. Il faut dire que le fait n’est pas inédit. Pendant la Transition, la fête nationale et la cérémonie de présentation de vœux à Iavoloha ont toujours été boycottées par certaines personnalités politiques et religieuses ayant en aversion le pouvoir de l’époque. La différence est que ces personnalités n’exerçaient pas le pouvoir et ne dirigeaient pas le pays. Des dirigeants ou des futurs dirigeants doivent être des modèles de conduite dans la bienséance et du respect des valeurs républicaines. Si dès le début de l’exercice du pouvoir, on commence par un sectarisme alors qu’on prétend être un président rassembleur de tous les Malgaches, la manœuvre risque d’être compliquée. La cérémonie d’hier a en tout cas montré l’hétérogénéité d’un gouvernement né dans la rue à la suite du mouvement des 73 députés contre les lois électorales dont certains concepteurs irréductibles de l’époque sont passés dans l’autre camp. Ainsi va la politique au gré des intérêts du moment et du changement de dirigeants. L’éthique, la dignité, la moralité sont devenues espèces en voie de disparition laissant place à des espèces sonnantes et trébuchantes.
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