Conjoncture électorale - La mission de la SADC se dit « rassurée »


L'emballement des acteurs électoraux rassure la délégation de la SADC. Analystes et observateurs commencent, toutefois, à faire part de leur crainte quant à l'évolution de la situation. Positiver. La mission dépêchée par la Commu­nauté des États d'Afrique australe (SADC) a conclu son séjour d'observation à Madagascar par une note d'optimisme. « On part rassurés, car tous les acteurs sont mobilisés pour les élections », a affirmé Manuel Domingos Augusto, ministre des Relations extérieures de l'Angola, et chef de la délégation de la SADC, hier à Iavoloha. Après avoir passé deux jours à « faire une évaluation de la situation politique à Madagascar », dans le cadre des préparatifs électoraux, la mission conduite par le ministre angolais a remis son rapport à Hery Rajaonari­mam- pianina, président de la République, hier. Pesant ses mots lors du point de presse à l'issue de la rencontre, celui qui préside également le conseil des ministres de l'organe pour la politique, la défense et la sécurité de la SADC a positivé les débats politiques houleux autour des projets de lois électorales. « Il n'y a pas de crise à Madagascar. Il y a juste une dispute pré-électorale. Il y a quelques disputes, notamment sur la légalité ou la légitimité des lois électorales, mais cela fait partie du jeu démocratique », a ajouté Manuel Domingos Augusto. Le chef de mission recommande toutefois que ces disputes soient « et doivent être résolues avant les élections ». À son tour, il met l'accent sur l'importance de préserver la paix et la stabilité dans la Grande île. Dans sa mission d'évaluation, l'équipe dépêchée par l'organisation régionale a rencontré les tenants du pouvoir, les anciens chefs d'État, « les membres de l'opposition » comme l'indique le chef de la délégation, la société civile et des mem­bres du corps diplomatique. Inquiétudes Ce qui lui aurait donc permis de constater « une mobilisation des acteurs pour que les prochaines élections puissent avoir lieu dans une ambiance de paix, de sérénité, de transparence et d'ouverture ». Pour mettre à plat les disputes, le ministre angolais a préconisé le dialogue, lors de sa visite à Solonan­drasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, jeudi. Seulement, sur le terrain, l'évo­lution des faits motive la crainte des observateurs quant aux conséquences de la conjoncture politique tumultueuse actuelle. L'impétuosité des échanges, des actions et réactions de part et d'autres des bords politiques rend pessimiste quant à la reprise d'un dialogue objectif et constructif. Les désaccords autour des projets de lois électorales, d'autant plus, n'ont fait que catalyser des querelles et clivages qui couvaient depuis plusieurs mois. En ouverture d'un cadre de concertation des acteurs électoraux hier, maître Hery Rakotomanana, président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a justement fait part de ses appréhensions quant aux risques qu'entraîne la virulence des débats actuels. « Nous tous constatons que la gestion du processus électoral est difficile dans le contexte actuel, car (…) les débats violents commencent à prendre de l'ampleur et risquent de nous entraîner vers des troubles », s'inquiète le président de la Ceni. Tous les discours officiels appellent, certes, à l'apaisement. Les analystes déplorent pourtant que dans les actes, les protagonistes politiques du processus électoral tendent à s'engager dans une logique d'affrontement. « Ce que l'on voit ces derniers temps, est que chaque camp semble s'appliquer à embraser la situation », s'attriste un politologue dans une publication sur les réseaux sociaux. Tous les acteurs politiques réclament de leurs vis-à-vis une prise de conscience, une prise de responsabilité dans l'intérêt supérieur de la Nation. Pour préserver la dynamique de la stabilité et de la paix. Tous affirment être ouverts au dialogue pour trouver une solution consensuelle. Tous concèdent l'importance d'une alternance démocratique par le biais d'une élection apaisée. Seulement, pour l'instant, il y a un gouffre entre les paroles et les actes. Garry Fabrice Ranaivoson
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