Intégration régionale - Des marchés à conquérir


Madagascar doit se préparer à affronter la concurrence au niveau continental. Les indus­triels demandent du temps pour s’adapter au cadre des accords commerciaux. Madagascar doit être intransigeant sur certains points en s’appuyant sur les textes internationaux en vigueur, avance l’industriel Rivo Andriamanalina, directeur général d’Activo qui estime que le pays doit s’accorder un délai d’adaptation avant de se lancer dans le grand bain du commerce régional et continental libéralisé. Le rapport des Perspectives économiques en Afrique 2019 de la Banque africaine de développement (BAD) fait l’éloge de l’intégration économique. Le lancement de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) en mars de 2018 illustre la volonté des pays africains à s’engager sur cette voie. Une voie qui ne correspond pas forcément aux aspirations des industriels des pays encore faibles, industriellement parlant, comme Madagascar. D’après Rivo Andriamanalina, cela nécessite de bien négocier les accords pour l’intérêt du pays. « D’une manière géné­rale, les accords prévoient la protection des industries locales », lance-t-il. Dans ce sens, l’autorité nationale chargée des mesures correctives commerciales a annoncé il y a quelques semaines l’augmentation des taxes sur certains produits d’importation. Maitriser le local Une décision saluée unanimement par les industriels. « Le problème actuel est que Madagascar est un pays réceptif. Nous importons beaucoup d’Egypte, de l’Afrique du Sud ou encore de Maurice, surtout des biens alimentaires », souligne Rivo Andriamanalina. Dans ce sens, il salue la déclaration de la ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat, Lantosoa Rakotomalala, qui a indiqué la volonté du gouvernement de promouvoir l’industrie afin que les consommateurs malgaches consomment des produits locaux. Pour lui, le marché intérieur avec ses 25 millions de consommateurs potentiels est encore à conquérir. « Le défi des industriels est de produire pour les Malgaches en prenant en compte leur pouvoir d’achat ». Toutefois, il s’interroge sur les projets industriels annoncés durant la campagne. « Le gouvernement favorisera-t-il des opérateurs nationaux ou étrangers ? S’agira-t-il de nouveaux acteurs ou de la relance des entreprises qui ont fermé pour les industries comme la pharmaceutique ? » Quoi qu’il en soit, le marché continental que promet la ZLEC a un potentiel d’un milliard deux cents millions de consommateurs. Lors de sa venue au pays en 2018, le commissaire aux affaires économiques de l’Union africaine, Victor Harison a soutenu que Madagascar a des cartes à jouer dans beaucoup de marchés africains avec des produits spécifiques. Pour sa part, Rivo Andria­manalina estime que les opérateurs malgaches doivent pouvoir compter sur le soutien sans faille du gouvernement pour s’en sortir. Chose qui, d’après lui, n’a jamais été garantie jusqu’ici. Tolotra Andrianalizah
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