Les arnacoeurs


«Considérant qu'un nouveau code de la com­munication a vu le jour et qu'il a été vivement critiqué par les journalistes malgaches dans la mesure où il fait référence au code pénal pour statuer sur les délits de presse, ce qui risque d'entraîner une criminalisation de la profession; que la situation s'est calmée, mais ne semble pas évoluer dans le bon sens ». « Considérant que, le 10 juillet 2017, le directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique australe a déclaré que le bilan de Madagascar en matière de droits de l'homme s'aggravait rapidement en raison du mépris flagrant de l'état de droit; que plus de 50 % des détenus se trouvent en détention préventive sans qu'un procès n'ait lieu et qu'on assiste à des violations telles que des exécutions extrajudiciaires par la police ou l'emprisonnement de défenseurs des droits de l'homme en raison de l'absence d'accès libre et équitable à la justice ». « Considérant que des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme font l'objet d'actes d'intimidation et de harcèlement de la part des autorités afin de les faire taire et d'entraver leurs investigations ou leur action en faveur des droits de l'homme; que depuis les élections de 2013, de nombreux médias ont été fermés et censurés au nom du “respect de l'état de droit” et de l'impératif d'assainissement du paysage audiovisuel” avancés par le ministère de la communication ». « Considérant que Madagascar est l'un des endroits les plus exceptionnels de la planète en termes d'environnement, mais aussi le pays en paix le plus pauvre du monde, avec 92 % de la population vivant avec moins de 2 USD par jour, et qu'il figure à la 154e place sur 188 pour l'indice de développement humain ». Considérant beaucoup de choses que les autres pays constatent de notre pays, on ne peut que se mettre à genoux et pleurer toutes les larmes de notre corps. Il est peut-être devenu coutume d’entendre que Madagascar est pauvre tout en étant riche, que notre île est paradisiaque mais un enfer car elle porte en elle toute la misère du monde. N’avons-nous pas rigolé nous-même en faisant des blagues sur notre situation, sur notre level inhumain de résilience face à cette situation catastrophique ? Et catastro­phique, le mot faible face à la réalité. Mais quand on voit noir sur blanc : « le pays en paix le plus pauvre du monde » on en prend un sacré coup. De tous les humains sur cette planète, mes compatriotes sont les plus démunis. Alors que nous voyons chaque jour sur les chaînes internationales les guerres ici et là, les soulèvements et les dictatures qui sévissent en Afrique et en d’autres parties du globe ; ces pays sont plus riches que nous. Quand on sait que des villes, des zones sont ravagées quotidiennement par des bombes, des maladies, des tueries, le plus pauvre de là-bas est sûrement plus riche que nous. On se demande quel est le sentiment du Président de la République, celui actuellement en place et ceux qui se sont succédé quand dans les réunions des Nations, ils représentaient le peuple le plus pauvre du monde. Ou est ce qu’ils ont oublié car ils étaient logés, mangeaient, faisaient leur shopping dans les même hôtels, magasins de luxe que les représentants des pays les plus riches du monde. Ils se soignent dans les mêmes hôpitaux que Macron, pouvaient partir en vacances dans les mêmes villégiatures que Trump, pouvaient porter les mêmes habits que les membres des familles royales du Royaume-Unis ou de Quatar. Pire, ils ont des avoirs dans les banques à l’étranger au même titre que les plus riches de la terre. La résolution commune du parlement Européen sur Madagascar, adoptée il y a quelques semaines, est un document qui met la main sur un fait qui pourrait passer comme banal, usuel, un « fait divers » à nos oreilles. « Madagascar est LE pays en paix le plus pauvre du monde ». Il n’y en a pas deux, c’est notre pays. Mais nos dirigeants sont loin d’être les gouvernants les plus mal lotis de la planète. Une arnaque sans cœur. Par Mbolatiana Raveloarimisa
Plus récente Plus ancienne