Sénat - Tentative de destitution de Rivo Rakotovao


Le président du Sénat a échappé à une tentative de destitution, hier. La nouvelle donne politique touche, également, la Chambre haute. Volte-face. Tout com­me à l’Assem­blée nationale, le vent tourne au Sénat. L’adoption à l’unanimité des deux projets de loi présentés par l’Exécutif, hier, indique l’émergence d’une nouvelle majorité, à Anosy. À peine tricotée, elle a concocté un soubresaut institutionnel, hier. La cible de cette manœuvre est Rivo Rakotovao, président du Sénat. « Nous sentons le vent du changement. Les choses changent, il faut avancer. Pour avancer, toutefois, il faut qu’il y ait une certaine sympathie entre ceux qui dirigent », a déclaré le sénateur Roger Kolo. Cet élu au titre du parti Hery vaovao ho an’i Madagsikara (HVM), affirme qu’une large majorité des membres estiment qu’il faut remplacer le président du Sénat. La règle démocratique prévoit, d’autant plus, l’alternance. Remplacer l’actuel président du Sénat, par une personne plus au diapason avec les nouveaux tenants du pouvoir, notamment, le président de la République, serait alors, le motif de l’intention de destitution. Des indiscrétions chuchotent qu’au départ, la démission de l’ancien président de la République par intérim a été requise. Face à la résistance de Rivo Rakotovao, toutefois, l’option de la destitution a été soulevée. Au regard des dispositions constitutionnelles, le président de la Chambre haute ne peut être démis de ses fonctions que pour faute grave par un vote secret des deux tiers des membres de l’institution. Les conciliabules pour déclencher la destitution de l’actuel numéro un de la Chambre haute ont commencé avant le début de la séance plénière, hier. In extremis Au début des débats, l’un des sénateurs a demandé une séance à huis clos pour parler des affaires internes de l’institution. Une requête refusée par Rivo Rakotovao qui a présidé la séance. Il a alors été décidé que la réunion à huis clos se tiendra après les débats et le vote des projets de loi présentés par l’Exécutif. « L’intention d’engager immédiatement la procédure de destitution du président du Sénat a bien été discutée durant cette réunion à huis-clos. Seulement, les sénateurs en faveur de la démarche n’ont pas atteint les deux tiers, confie un membre de la Chambre haute. Il ajoute qu’il s’agit surtout d’un souhait de matérialiser le changement de rapport de force politique. Présenté comme une institution de stabilité, le Sénat a, effectivement, souvent été à l’image de l’omnipotence du pouvoir Exécutif. Peu prévoyaient, toutefois, que le vent politique changerait aussi rapidement de direction, à Anosy. Les discours de l’ancienne majorité présidentielle, face au gouvernement, ont, néanmoins été d’une docilité, singulière. Des membres du groupe parlementaire HVM et une partie des sénateurs désignés par l’ancien président de la République ont, cependant, refusé la destitution du numéro un du Sénat. Ils n’ont pas pris part à la séance à huis clos. Après ce premier échec, une tentative de revenir à la charge était prévue à l’issue de la présentation du plan de mise en œuvre (PMO), de la politique générale de l’Etat (PGE), par le Premier ministre. Ce qui ne s’est pas faite. La séance s’est terminée tardivement. La plupart des sénateurs sont partis avant la fin. La session extraordinaire, par ailleurs, a été clôturée, hier. Préservé in extremis, Rivo Rakotovao reste donc, en place. Des sénateurs n’en démordent, toutefois, pas et comptent réactiver la tentative de destitution lorsque la prochaine occasion se présentera. « Il faudra que le Sénat soit en session pour pouvoir le faire », explique une source parlementaire. La Constitution dispose que lorsque l’Assemblée nationale ne siège pas, le Sénat ne peut discuter que des questions dont le gouvernement l’a saisi pour avis, à l’exclusion de tout projet législatif. Sauf changement, l’actuel président de Sénat devrait rester au perchoir, du moins, jusqu’à l’entrée en scène des nouveaux députés et la reprise du jeu législatif bicaméral. Son sort pourrait, toutefois, se décider dès les premiers jours d’une nouvelle session parlementaire.
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