Miser à la Neymar


Encore une histoire de foot que les dames ne compren­nent pas. Mais, voulant être fidèles aux traditions éditoriales, apportons notre perception féminine sur ce grand sujet qui anime, depuis quelques jours, les discussions des hommes. Partageons alors ce que femme peut comprendre de tous ces chiffres, de toutes ces analyses. Comme on peut s’y attendre, il n’y a que deux choses à retenir, mesdames. D’abord, le montant faramineux pour « acheter » un transfert ; puis l’âge du transféré lui-même. Reprenant la chronique de l’un de mes confrères, le transfert du jeune homme s’est fait à hauteur de 670 milliards d’Ariary. Cela serait l’équivalent de 837 kilomètres d’autoroutes, quarante hôpitaux manara-penitra, trente-huit mille logements à 20 millions d’Ariary l’unité, quatorze stades de cinquante mille places, quatre mille ambulances médicalisées, cent hélicoptères Pumas, etc. Bref, ils ont acheté un demi-dieu ! Que dire de plus ? S’il est vrai que l’argent ne fait pas le bonheur, il peut y contribuer fortement. Car avec le prix du transfert d’un seul homme on pourrait faire plus que les dix chefs d’État qui se sont succédé à Madagascar. Depuis le 14 octobre 1958, date à laquelle Philibert Tsiranana a accédé au pouvoir de la République de Madagascar comme Président du gouvernement, on se demande réellement si les investissements directs dans les infrastructures structurantes et pérennes ont pu atteindre cette somme pharaonique. Certes, les moyens injectés depuis sont nettement largement supérieurs, mais combien de milliards d’Ariary ont réellement engendré de réels impacts. On pourrait aussi « s’amuser » à faire la balance entre ces milliards d’Ariary injectés, les sommes empruntées qu’on a dû emprunter ici et là et le reste des dettes que les petits enfants de nos arrière-petits-enfants devraient encore rembourser. Philibert Tsiranana, Gabriel Ramanantsoa, Richard Ratsimandrava, Gilles Andriamahazo, Didier Ratsiraka, Albert Zafy, Norbert Ratsirahonana, Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina, Héry Rajaonarimampianina. De grands hommes : Généraux, Colonel, Arimal, businessmen et Expert-Comptable ont pourtant de quoi envier à un footballeur en matière de mobilisation des ressources, de plaidoyer et de stratégie. Neymar, jeune prodige Brésilien n’a que 25 ans. Quand on sait qu'une carrière de footballeur se termine généralement vers l'âge de 35 ans, le Paris Saint-Germain pense donc pouvoir se rembourser largement les 222 millions d’euros durant un contrat de cinq ans. Jeunesse du prince, source de belles fortunes. Miser sur la jeunesse peut toujours rapporter gros. Car des Neymar, il peut y en avoir des dizaines, des centaines quand on donne aux talents l’opportunité et les moyens de s’exprimer. Certes, on parle de football mais il n’y a pas que dans ce domaine que les jeunes gens peuvent exceller et devenir des référents mondiaux. À Madagascar, pays que les dieux du football ont oublié, on a des talents dans le monde du sport. Les soutenir, il faut le dire, est une question de volonté politique. Car Neymar, certes, a commencé dans les terrains vagues comme tous les enfants, mais a, par la suite, joui d’infrastructures normées. Si les multiples de tentatives de pousser le Barea à produire des Neymar n’ont pas abouti, appuyons donc la fédération de Tennis à produire des Nadal, notre fédération de lutte à continuer ses prouesses. De même pour nos fédérations de pétanque, de kick-boxing, boxe chinoise, de boxe française savate. Eh oui, il y a des domaines dans lesquels nous sommes bel et bien champions du monde, mais le savons-nous ? Par Mbolatiana Raveloarimisa
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