Verdictature


L’année commence comme aucun voeu ne l’a souhaité. Le spectre d’une crise plane de nouveau avec ce contentieux électoral. On avait parié sur une élection transparente et acceptée par tous mais, dès le premier tour, les deux candidats arrivés premiers ont accusé la Ceni d’avoir trafiqué les résultats. Les deux candidats se voyaient gagnant au premier tour. Il a fallu que la Ceni joue la transparence à fond pour que les suspicions sur son logiciel de traitement des résultats se dissipent. Mais cela n’a pas résolu totalement les problèmes. Si les anomalies ont été aplanies au premier tour par la HCC sans que les deux candidats aient eu à redire , l’essentiel a été assuré, cette fois les choses semblent compliquées. Pour l’un et l’autre candidat, il est inconcevable de perdre cette élection. L’un a investi corps et âme et s’est préparé dans des conditions idéales ne lésinant pas sur les moyens tandis que pour l’autre, il s’agit d’une revanche sur son bourreau et qu’en plus, c’est sa dernière chance sur l’échiquier politique, vu son âge. L’enjeu est ainsi hyper important pour les deux camps. Si l’écart des voix ne laisse aucun doute sur la victoire du candidat Andry Rajoelina, déjà en tête au premier tour, certains faits sont déplorables et remettent en cause la sincérité du scrutin. Les confrontations partielles effectuées au niveau de la Ceni ont permis de déceler plusieurs irrégularités flagrantes à l’image des taux de participation maximum dans des endroits minés par l’insécurité, des listes électorales signées par une seule et unique personne pour tous les votants, des scores à la soviétique pour un candidat que même Ratsiraka n’osait pas se le permettre. Sans oublier l’absence de numéro sur le bulletin unique comme il est stipulé dans la loi électorale. Le vainqueur n’avait certainement pas besoin de ces coups de pouce pour l’emporter mais ces anomalies laisseraient croire que ce n’étaient pas des cas isolés. Le fait que la Ceni s’est empressée de publier les résultats alors que les confrontations n’étaient pas terminées renforce les doutes. On aurait dû avoir le coeur net dès la publication des résultats par la Ceni pour éviter l’imbroglio qui est en train de se passer et qui risque d’accompagner le mandat du nouveau président. Il reste à espérer que la HCC fasse les choses dans les règles de l’art et passe au peigne fin tous les procès-verbaux. Le problème n’est plus de savoir si toutes ces irrégularités ont des incidences ou pas sur les résultats mais de trancher si l’élection mérite d’être validée pour servir de modèle à l’avenir. Si la Ceni a bien fait les choses dans les normes pour mériter, de nouveau, la confiance pour les échéances électorales à venir. Il y va de la crédibilité de ces institutions électorales. Il faut ainsi prendre le temps qu’il faut pour avoir des résultats absolument incontestables et donner la stabilité nécessaire au nouveau président. Déjà le faible taux de participation ainsi que l’écart entre les deux candidats ne lui permettent pas d’avoir une grande marge de manœuvre dans ses futures actions. Des résultats qui donnent place au doute auront l’allure d’un « verdictature » et compliqueront la tâche du président mal élu. La HCC a une superbe occasion d’asseoir sa crédibilité et de prendre une décision qui restera dans les annales des élections.
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