Rat...bat joie


Ambiance de peste, les rats font la loi. Et ne vous y méprenez pas, nous ne parlons point ici du rongeur. Les pharmacies sont pleines de monde et les cache-bouches sont en rupture de stock. En deux trois jours, certainement, le chiffre d’affaires des vendeurs de médicaments a flambé. Comme il n’y en a plus à vendre en pharmacie, les gens se rabattent actuellement sur les quincailleries pour acheter des cache-poussière utilisés dans les constructions. Loin de nous l’idée de jouer les rat...bat joie, mais le naïf se pose encore quelques questions. D’abord, a quoi servent les cache-bouches ? Pour se protéger des possibles postillons de personnes qui seraient éventuellement contaminées. Seulement, savons-nous combien de postillons d’autres personnes avalons-nous chaque jour sans nous en rendre compte. L’effort de ceux qui ont pu se procurer le bout de tissu est fort louable mais que l’on ne se mente pas. Avant même de sortir de chez nous, le risque est bel est bien présent. Car combien de citadins achètent leur pain du matin à l’épicerie du coin ? On sait tous dans quel état est livré ce pain, l’insalubrité du transport par lequel il est acheminé, et ne parlons pas de celui qui le livre. Une fois sur les étals, il se produit la même chose avant que le pain arrive sur nos tables. Et pourtant, le pain ne se lave pas. Puis une autre question, combien de fois par jour un citadin lambda se lave-t-il les mains ? Disons au plus, deux fois par jour. C’est une habitude qui est très loin de nos réalités. Alors, celui qui se protège tant bien que mal, après avoir ingurgité les postillons du boulanger, du livreur de pain, de l’épicière, va en recevoir plein la figure toute la journée. Il y a le receveur, les autres passagers du taxibe, les postillions sur les billets. À midi, il y a la serveuse, le cuisinier qui a préparé les aliments, la salive des autres clients qui trainent sur la table du restaurant. Il y a également les collègues de bureau ou les gens que nous rencontrons au quotidien. Le Premier ministre lance le...rat aux administrateurs des communes urbaines. À bon chat bon rat, ces derniers rétorquent que chasser le rat, ils savent faire. Pourvu que les moyens que l’État doit aux municipalités suivent. Les choses semblent se gâter et les rats quittent le navire en se lançant mutuellement les responsabilités. Loin d’avoir des rats dans la tête, cette question peste nous laisse plus que perplexe. Le Malgache est gueux comme un rat et la situation sociale qui sévit est loin de s’améliorer. La saison des pluies va commencer très bientôt. Et comme chaque année, des tonnes de déchets en plus avec l’arrivée de la période des litchis et des mangues. Bref, nous allons tous être faits comme des rats. Par Mbolatiana Raveloarimisa
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