Démission à visage humain


Démissionner a toujours été une question d’honneur, sinon d’horreur pour les politiciens à Madagascar. Alors qu’ailleurs, il s’agit d’une simple formalité. Nicolas Hulot, ministre de la Transition énergétique et solidaire du gouvernement d’Edouard Philippe l’a encore démontré. Sentant être esseulé dans l’équipe de Matignon, il ne pouvait plus mentir avec lui-même. Une grandeur d’esprit que peu d’acteurs politiques malgaches ont dans le coin de leur subconscient. Le premier qui a osé franchir le Rubicon aura été Herizo Razafi­mahaleo. Ministre de l’Industrie et du tourisme du gouvernement de Me Francisque Ravony, sous le mandat présidentiel du professeur Albert Zafy, il ne pouvait pas supporter la recherche de financements parallèle au lieu de s’attacher au service des bailleurs de fonds traditionnels. Que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, FMI. HerizoRazafimahaleo a été surtout connu pour son penchant au libéralisme économique. Et presque l’avocat attitré du « Fonds » et de la « Banque ». Des années plus tard, le dimanche 8 février 2OO9, au lendemain de la fusillade devant le palais présidentiel d’Ambohitsorohitra, soldée par de nombreuses victimes, la première ministre de la Défense nationale, nommée à la surprise générale par Marc Ravalomanana a jeté l’éponge. « En tant que mère, je ne peux accepter que les Malgaches s’entretuent », a-t-elle lâché. Son départ a sonné le glas du règne du « roi du yaourt ». Pour d’autres raisons liées, peut-être, à des manœuvres corruptrices perpétrées par des « intouchables » du régime HVM, le ministre des Finances et du budget d’Olivier Mahafaly, a préféré quitté son poste. Lui qui avait passé des années au Canada, un pays où l’intégrité et l’honnêteté intellectuelles sont des vertus bien respectées. Gervais Rakotoarimanana n’a pas pu s’accommoder des petites combines à la malgache, au culte de l’impunité. Pour le président de la République Hery Rajaonarimampianina, cette issue « a été programmée » par des dispositions constitutionnelles, dans le cas où le Chef de l’État en exercice brigue un autre mandat présidentiel. Il ne s’agit donc pas d’une quelconque victoire du « mouve­ment pour la changement » au Parvis de l’Hôtel de ville à Analakely, entamé le samedi 21 avril, initié par les 73 députés de l’opposition. Hery Rajaonarimampianina a raison de défendre son bilan. Il a pu reconquérir la confiance des bailleurs de fonds, perdue dans les dédales du coup d’État de mars 2009. Et les partenaires financiers n’ont jamais été aussi généreux que ces quatre dernières années. En témoignent les « bonnes notes » délivrées par les missions d’évaluation des émissaires du FMI, souvent accompagnées par des décaissements conséquents d’aides financières. La Banque mondiale vient d’octroyer 6O millions de dollars pour l’économie rurale. De gros investissements créateurs d’emploi ont été enregistrés. 1O milliards de dollars ont été énoncés à la Conférence des bailleurs de fonds et des investisseurs à Paris au début du mois de décembre 2O16. Dans la foulée du Sommet de la Francophonie à Antananarivo. Mais ces performances économiques et financières notables, peu significatives en termes de croissance économique réelle, ont été occultées par les nombreuses affaires louches ayant émaillées ce premier mandat. Qui plus est ont impliqué, des proches de la présidence de la République. Il est encore temps d’effacer ou d’éclairer ces zones d’ombre. par Eric Ranjalahy
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