Décès de Jean Michel Rasolonjatovo - Le bourreau de Ratsiraka disparaît


Didier Ratsiraka ne le portait certainement pas dans son cœur. Le magistrat Jean Michel Rasolonjatovo a pu annuler les résultats de l'élection en 2001. Coïncidence, hasard du calendrier ou clin d'œil historique. On ne le sait trop. Terrassé par un cancer, le magistrat Jean Michel Rasolonjatovo, qui ne laissait guère transparaître la maladie qui le rongeait, a choisi de partir au même moment où la Cour suprême du Kenya a décidé de lui emboîter le pas, en annulant les résultats de la dernière élection présidentielle qui donnaient vainqueur le président sortant, Uruhu Kenyatta. Une décision qualifiée d'historique et d'inédite par les medias africains. En fait, il y avait déjà une première, l'œuvre de Jean Michel Rasolonjatovo, en 2002. Avocat général à la chambre des comptes et enseignant à l'université, il avait introduit une requête auprès de la Chambre administrative, en même temps que Marc Ravalomanana, demandant l'annulation du décret de nomination des mem­bres de la Haute Cour constitutionnelle du 22 novembre 2001 et partant des résultats du scrutin présidentiel du 16 décembre 2001, proclamés par la HCC le 25 janvier 2002 à Mantasoa. Un second tour, entre Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana, s’est donc tenu. Il a eu gain de cause auprès de la Chambre administrative. On connaît la suite. La HCC a été renouvelée. De nouveaux résultats ont été publiés, nommant Marc Ravalomanana vainqueur au premier tour, investi officiellement le 22 mai 2002 à Mahamasina. Parcours Ratsiraka a fait de la résistance en érigeant une milice armée partout en tentant d'isoler Antananarivo, coupée des cinq provinces. Le prix du litre d'essence atteignait 5 000 ariary à l'époque. L'Amiral finira par abdiquer et fuir à l'aide de son avion à destination des Seychelles avant de partir en exil pour la France. Un tournant historique qui a été malheureusement anéanti par la crise de 2009. De son côté, Jean Michel Rasolonjatovo n'a pas été nommé à un poste gouvernemental ou à la tête de la HCC, ou un autre Jean Michel Rajaonarivony de son nom lui a été préféré, comme beaucoup s'attendaient. La course au strapontin n'est pas vraiment le dada de cet originaire de Tsinjoarivo, issu d'une famille modeste, qui a trimé pour arriver au sommet de la hiérarchie après avoir fait ses études au lycée Rabearivelo, puis à Ankatso. Son meilleur poste a été la représentation du pays au sein de l'Onu, à Genève. Patriote jusqu'à la moelle, il tolère mal l'injustice et les abus. Il n'a pas la langue dans sa poche. Un franc parler qui ne fait pas bon ménage avec les choses politiques. Raison pour laquelle, les régimes successifs ne l'ont jamais sollicité. Mais c'est un enseignant très apprécié par ses étudiants. Dès l'annonce de son décès, la consternation la dispute aux hommages sur les réseaux sociaux. Ses qualités et sa droiture sont unanimement reconnues, même si ses idées et ses convictions ne sont pas obligatoirement acceptées. Pendant la crise de 2002, il avait soutenu qu'il fallait que le dictateur Ratsiraka dégage, par tous les moyens. Une position controversée de la part d'un homme de loi. Mais il va toujours au bout de ses idées et de ses convictions. Il a réussi l'impossible à une époque où Ratsiraka était considéré comme omnipotent et indomptable. Il a perdu son dernier combat. Herisetra
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