Femme, gouvernance, mouvements citoyens, Afrique (partie 2)


Après la petite introduction par le biais du dernier texto, allons dans le vif du sujet alors. Parlons de faits. L’Afrique compte maintenant un peu plus d’un milliard quatre cent millions de populations. Chacun de ces un virgule quatre milliards de personnes est né d’une femme. Puis, la moitié et plus de cette population sont des femmes. Seulement, elles n’exercent pas la moitié du pouvoir de décider et d’agir. Pendant les cinquante années et plus d’indépendance, les quelques centaines de présidents, de dictateurs et de tyrans de nos pays d’Afrique, nous ne comptons que sept femmes présidentes. Une seule d’entre elles en la personne d’Ellen Johnson Searlief, ancienne présidente du Libéria, est l’unique présidente élue de toute notre histoire commune. Les six autres femmes ont été des présidentes par intérim et/ou temporaires. Depuis nos heures d’indépendance, la représentation des femmes en tant que parlementaire n’a atteint que le taux dérisoire de vingt-trois pour cent. Ce maigre record a été possible grâce à l’imposition de quota. Et pourtant, il faut rappeler que beaucoup de nos sociétés ont été matriarcales où les femmes exerçaient un pouvoir dans les décisions pour la vie de la communauté. Depuis la colonisation, la décolonisation, les années de dépendances...(oups !)...les années d’Indépendances on fait croire aux femmes que leur place est à la cuisine. Résultat : quatre-vingt-dix-neuf pour cent du pouvoir sont exercés par des hommes et en un centenaire d’exercice de décision au masculin l’Afrique n’est point en bonne santé. Ne croyons-nous pas qu’il est bien temps de changer la donne ? Rappelons une sage citation d’Albert Einstein : « la folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ». Il ne s’agit point d’un procès mais un constat qu’il faut dire crûment. Il serait juste opportun d’avoir une prise de conscience collective pour avancer. On critique bien nos gouvernements, mais dans nos mouvements citoyens et dans la société civile aussi il y une situation négative à redresser. Par exemple, quand viennent les réunions stratégiques, généralement, les femmes arrivent plus tôt, s’assurent que la logistique est bien là. Elles préparent les papiers, les chaises, tout le matériel mais quand la vraie réunion commence, dans beaucoup de cas, elles laissent les hommes discuter entre eux. Si elles restent, elles occupent les chaises de derrière ou font office de secrétaires. On constate également un machisme dans la société civile où il sied plus de voir les femmes dans l’humanitaire, le socialement correcte : santé, handicap, droit des femmes, des enfants… Mais on voit d’un autre œil les femmes dans la question de gouvernance, de contre-pouvoir, de balise politique. La mère fait le fils qui deviendra un homme. La femme, la compagne, l’amie forgent aussi l’homme. On n’esquive pas notre part de respon­sabilité car la femme a ainsi en partie produit des tyrans, des dictateurs comme les fervents défenseurs des droits de l’homme. Ainsi, il faut éduquer la femme à l’exercice du pouvoir, par l’exercice du pouvoir et non en tant qu’éternelle spectatrice. Ainsi, les mères, les sœurs, les épouses, les compagnes, les maitresses pourront éduquer leurs fils, leurs pères, leurs frères, leurs maris… Elles pourront aussi éduquer leurs filles, sœurs, mères à exercer la moitié du pouvoir de décider et de bâtir ensemble une nouvelle Afrique. « La folie c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », il est bien temps de changer.
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