Assemblée nationale - Les lois électorales votées dans la confusion


Les lois électorales ont été adoptées par soixante-dix-neuf députés. Ceux de l’opposition ont quitté la salle de séance. Des échauffourées ont précédé les votesAu forceps. Tel l’accouchement de triplet, l’adoption des trois projets de loi organique relatifs aux élections s’est faite dans la douleur. Il a fallu six heures aux soixante-dix-neuf députés pour voter à main levée les trois projets de loi. Munis d’une « antisèche » récapitulant les points d’attention, ils ont parcouru les trois cent soixante et-onze articles des trois textes de façon presque mécanique. Les interventions intempestives du vice-président de l’Assemblée nationale pour la province d’Antsi­ranana, Freddie Mahazoasy, du député Jaona Ratefia­rivony, élu à Tsaratanana ou de Masy Goulamaly ont ponctué de temps en temps l’exercice. Ainsi, les trois projets de lois ont été adoptés avec quarante-quatre amendements. « Je vous remercie de votre sens du patriotisme », s’est fendu Solonandrasana Olivier Mahafaly vers 16 heures vingt minutes, dans son mot de la fin. Un avis que les députés issus de l’opposition sont loin de partager. Par le truchement d’un huissier de justice, ils ont remis une signification au président de l’Assemblée nationale Jean Max Rakotomamonjy attestant la réception d’une copie de la doléance déposée au Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), pour suspicion de corruption au sein de cette institution. Après cela, les soixante-treize députés de l’opposition ont quitté la salle de séance. « Nous sommes sortis de la salle de séance parce que nous voulons voir qui ont retourné leurs vestes », explique maitre Hanitra Razafima­nantsoa, vice-président de l’Assemblée nationale de la province d’Antananarivo. Dès le début de la séance, les députés de l’opposition, entre autres Houssene Abdallah, Djaossera Irenée, Marie Horace Rasoano­romalala, Michèle Ratsivalaka, Jerry Hatrefindrazana, Christine Razanamahasoa, Hanitra Razafimanantsoa, et Volahaingo Marie-Thérèse ont insisté sur la tenue d’un débat juridique avant le vote. « La dernière fois, les débats d’une journée portaient sur la suspension de la séance et n’ont même pas effleuré le fond des textes. C’est pour cela que nous insistons sur la tenue de débats maintenant à moins que vous ayez tout préparé au Paon d’Or », a asséné Maître Hanitra Razafimanantsoa. Des propositions rejetées systématiquement par Jean Max Rakotomamonjy qui a soutenu que le temps des débats était révolu. Échauffourées D’autres députés ont encore voulu prendre la parole, mais Jean Max Rako­tomamonjy a été intransi­geant. « Je ne suis pas d’accord sur le fait que vous abusez de votre droit à la parole pour faire une manœuvre dilatoire », a-t-il annoncé avec fermeté. Des propos qui n’ont pas été au goût de ceux de l’opposition. Ainsi, le député Jocelyne Rahelihanta, aidée par Lalao Rahantanirina, dit Nina, ont arraché le micro aux mains de l’employé assurant la logistique. Sous l’ordre du président, celui-ci n’a pas voulu lâcher le micro. Ce qui lui a valu une morsure de la députée Nina. Ainsi, en vertu de l’article 17 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale, Jean Max Rakotomamonjy a sollicité l’intervention des forces de l’ordre. Entre temps, des écriteaux imprimés en lettres capitales rouges « Stop corruption » et en malgache « Aok’izay ny kolikoly » ont été distribués. Ainsi, les députés de l’opposition ont brandi ces banderoles évoquant des suspicions de corruption. « Vous pouvez déposer des plaintes si vous avez des preuves », rétorque le président de l’Assemblée nationale. « C’est vous qui nous avez enseigné cela lors de la motion de déchéance », réplique le député Milavonjy Philobert. Alors que les votes, article par article, ont commencé, les soixante-treize députés issus de l’opposition ont quitté la salle vers midi, laissant ainsi le champ libre aux pro-régime de légiférer tranquillement jusqu’à la fin de l’après-midi. Andry Rialintsalama
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