Environnement - Les opportunités économiques tuent les aires protégées


La gouvernance environnementale inclusive. C’est à travers cette vision que le Programme des Nations unies pour le développement a exposé hier à Andraharo, un état des lieux de l’environnement à Madagascar. L’objectif de l’initiative étant d’améliorer, tant la résilience communautaire face aux changements climatiques que la gestion participative des ressources au niveau des aires protégées de la Grande île. « Dans la plupart des aires protégées de catégories 5 et 6 de Madagascar sujet à des exploitations miniers ou agricole, la communauté se consacre plus à ces exploitations plutôt qu’à la priorisation de la préservation de la biodiversité. Une pratique qui conduira inévitablement à la dégradation environnementale des lieux en question », expli­que Rama­toulaye Moussa du Pnud. À rappeler que les aires protégées sont classées en six catégories selon leurs systèmes de gestion. La catégorie 1 étant les réserves naturelles intégrales où l’occupation humaine est strictement interdite jusqu’à la catégorie 6 dont les aires protégées sont des paysages terrestre et marin où l’utilisation durable des ressources naturelles est permise. Pour le cas du site d’Ampasindava dans la région Diana où le projet d’exploitation de terres rares par la société Tantalum Rare Earth Mala-gasy (TREM) risque de bouleverser la biodiversité endémique dans ces zones ou encore pour le cas de la région Menabe où l’agriculture sauvage prend le pas sur les aires protégées à Morondava et ses environs. Alarmant « Le site d’Ampasindava jouit d’une biodiversité exceptionnelle avec un taux d’endémisme très élevé. Ses montagnes, ses forêts, de vastes mangroves et un littoral très découpé constituent l’habitat fragile de nombreuses espèces animales et végétales uniques au monde. Tandis qu’à Morondava, plus de 20.000ha de la forêt sèche du Kirindy ont été défrichés pour faire place à la production en masse de cacahuètes », alerte un responsable de la conservation chez WWF. Il est impossible de dissocier la gestion spécifique des aires protégées avec la contribution de la communauté locale dès lors que ces aires protégées se localisent sur des sites habités. De ce fait, avec l’instauration d’une gouvernance environnementale inclusive, les espaces naturels protégés auront la possibilité de devenir des infrastructures vertes favorables à la croissance économique durable avec une perte réduite de la biodiversité. « À Ampasindava, le cœur même de l’exploitation des terres rares se trouve dans le noyau de l’aire protégée. Malgré la contestation de la société civile et une partie du secteur privé, la société exploitante a pu obtenir le fameux permis environnemental et continue jusqu’à présent ses activités au détriment de l’environnement dans la zone. Par ailleurs, comme c’est une activité génératrice d’emplois et d’argent pour la communauté locale, cette dernière se résigne à accepter la situation », souligne la représentante du Pnud. Dans cette localité, des commissions de protection de l’environnement ont été mises sur pied, mais avec un faible budget de fonctionnement, elles peinent à fédérer la population locale qui préfère se tourner vers les exploitants qui leur fournissent une collaboration plus lucrative.  
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