Ce Madagascar-là


Il y a des moments de la vie que l’on n’oubliera jamais. Des instants qu’on essaye tant bien que mal de vivre, mais vraiment vivre même s’ils ne durent généralement que très peu. Comme les déserts de Namibie qui reçoivent les premières pluies depuis des décennies, l’esprit essaie de se nourrir de chaque mot, de chaque seconde, de chaque geste. De rares moments qui sont utiles à partager. Dans la salle, des applaudissements francs qui viennent chuchoter des mots doux dans l’oreille de ceux qui sont las des clapotis des neurotytiques imitateurs et hypocrites qui frappent de leurs mains les uns contre les autres sans réelless convictions. On pouvait aussi entendre dans la salle ces sons propres aux Malgaches qui en disent plus long que des phrases. Des « humhum » qui font entendre, dans le sens littéral du terme, que cette assistance d’un honneur inestimable était tout à fait d’accord et intéressé par la discussion. Savates aux pieds et costumes cravates européennes n’ont jamais fait autant d’honneur. Des rois à profusions dans la salle. Des rois, de vrais rois accompagnés de hauts dignitaires traditionnels. De notre courte vie, nous n’en n’avons jamais vu autant au mètre carré. Malgré leurs âges, le voyage qu’ils ont fait pour arriver là, ils étaint pétillants et avides de rencontres. Première prise de parole, la représentante de l’ONG Fiantso explique à l’assistance qui sont nos invités, pourquoi ils sont là et quels sont les objectifs de la rencontre. Morphée elle-même se serait réveillée du plus profond des sommeils en entendant cette introduction : voici des rois, des dignitaires traditionnels et des femmes rurales leaders qui sont en voyage d’échange car ils ont œuvré depuis 2016 à la promotion des droits humains et plus précisément des droits des femmes. L’objectif est clair, ils sont de passage à Antananarivo pour visiter d’autres organisations qui luttent pour les mêmes causes. Les explications se poursuivent et l’on ne pouvait éviter sur nos visages ces sourires enfantins. Des sourires de joie et des soupirs de bonheurs avec un petit mot : « ce Madagascar là...je l’aime ! ». On continue sur les explications des responsables de Fiantso, ces rois-là connaissent et maitrisent les instruments internationaux et nationaux de défenses des droits de la femme. Ils sont convaincus. S’ensuivent des témoignages et l’on prend conscience de l’ampleur du travail qui a été fait sur et avec ces rois ainsi que le changement, le vrai, qui peut en découler sur leurs communautés. Ils se levèrent un à un pour nous témoigner comment ils ont compris puis intégré dans leurs propres vies les droits de la femme. « Une fois notre roi, mon père, fut décédé, je devins roi. Par le biais du projet Meva, j’ai eu conscience que mes sœurs doivent aussi hériter. Moi-même qui étais désormais roi ainsi que mes deux frères avons décidé de partager l’héritage en cinq parts égaux. Ce fut une grande première. Mieux, on a tenu à ce que cela se fasse légalement. Ainsi, nous avons fait les papiers au niveau de l’administration. Je peux vous dire que c’était un évènement chez nous. Tous les hauts dignitaires étaient là ». On présente trop souvent nos traditions et nos leaders traditionnels comme réfractaires aux droits et aux changements. Ce que l’on peut retenir de ce moment intense est que si on prend le temps d’expliquer ces droits aux vrais leaders, ceux qui ne sont pas des mercenaires, par leurs propres mots autant de fois que nécessaire jusqu’à une totale compréhension, on peut arriver à de vrais changements. Chapeau bas pour l’ONG Fiantso pour ce magnifique travail qui nécessite une continuité. Grand merci au Conseil National des Femmes de Madagascar (CNFM) pour leur réseautage.
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