Lois électorales - Bataille des chiffres à l'Assemblée nationale


Les projets de lois électorales passent au vote des députés aujourd'hui. Les deux camps à la Chambre basse vont faire parler les chiffres.Dénoue­ment ? Le projet de loi organique sur le régi­me général des élections et référendum, celle sur la présidentielle et celle relative aux législatives, passeront au vote en séance plénière de l'Assemblée nationale ce jour. Une séance qui pourrait marquer un nouveau rapport de force entre les deux factions, qui s'est formé depuis le 20 mars à la Chambre basse. Le dernier débat en séance plénière des projets de lois électorales s'est soldé par un ajournement du vote des textes. Cet ajournement a révélé une Assemblée nationale scindée en deux camps, relativement équilibrés. D'une part, les pro-pouvoir ont été au nombre de soixante-dix, et ceux qualifiés « d'opposants », avec soixante-huit élus dans leurs rangs. Une configuration qui pourrait compliquer l'adoption des textes soumis au vote. La majorité absolue des députés est nécessaire pour l'adoption d'un projet de loi organique, soit le nombre de soixante-seize. Les absents durant la séance du 20 mars devraient faire pencher la balance en faveur de l'un ou l'autre camp. « Il n'y a aucun rapprochement pour la recherche d'un consensus », affirment les députés Guy Rivo Randrianarisoa et Marie Thérèse Volahaingo, du camp des « opposants ». Le questeur 3 de l'institution de Tsimbazaza ajoute qu'« il est évident que le pouvoir cherche juste la manière d'avoir le nombre de votes suffisant pour faire adopter ces textes ». L'ajournement a été proposé et voté par les pro-pouvoir. Une stratégie afin de se donner le temps nécessaire pour s'arroger la majorité requise par la Constitution pour leur adoption. « Pour étudier les textes et les amendements proposés par la commission juridique », les députés Bleus sont entrés en conclave au Paon d'or Ivato depuis jeudi. Enchères Sur sa page Facebook, jeudi, la députée Mary Goulamaly affirme que « quatre vingt sept députés sont présents », et que « neuf autres sont encore en route et à l'étranger ». Contacté hier, le député Harijaona Randriari­malala, président du groupe parlementaire HVM, déclare ne pas pouvoir se prononcer sur le nombre exact de députés présents au Paon d'or. « Nous verrons durant la séance plénière combien voteront pour l'adoption des textes », réplique-t-il juste. Le député Guy Rivo Randrianarisoa affirme pourtant qu'« il est improbable qu'ils obtiennent un tel chiffre, car quarante députés sont allés à Mahajanga pour soutenir Andry Rajoelina. Nous au sein du TIM, sommes dix-huit plus quinze indépendants ». La députée Volahaingo indique quant à elle que « les informations communiquées par des pairs présents à cette réunion indiquent qu'ils sont au nombre de soixante-dix ». À entendre les deux « opposants », les échos du Paon d'or, interdit au public, font état d'une augmentation des enchères « pour motiver l'engagement de la majorité ». Des divertissements animés par des artistes sont aussi au programme. « Ce sont certains des participants aux réunions eux-mêmes qui nous rapportent ce qui s'y déroule », indique les députés « d'opposition » contactés. La visite de Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, au Paon d'Or en fin d'après-midi jusque dans la soirée a d'autant plus affolé les hypothèses. Questionné sur cette visite du chef du gouvernement, le député Randriarimalala semble gêné. « Il n'y a pas eu vraiment de rencontre avec le Premier ministre. Je suis au Paon d'or en ce moment. Je ne vois pas, pour l'instant, la nécessité de son intervention », répond-il. Il soutient, par ailleurs, que « quoi que l'on puisse dire, nous travaillons. À l'instar de tous les colloques, il y a des soirées récréatives. Pour ceux qui parlent d'enchères, qu'ils le prouvent. J'ai été présent depuis le début. Il n'y a rien de cela. Nous sommes ici par conviction ». Garry Fabrice Ranaivoson
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