Encadrement - Rude mission des chefs ZAP dans la brousse


Les chefs de Zone d'administration pédagogique (ZAP) se sont rassemblés dans la capitale. Ceux travaillant dans la brousse ont évoqué la difficulté de leur mission.L'enseignement sous un autre angle. Guy Ramiandrisoa est le plus jeune chef de Zone d’administration pédagogique (ZAP). À [caption id="attachment_60021" align="alignleft" width="150"] les chefs ZAP ont été formés sur les grandes lignes du plan sectoriel[/caption] seulement 22 ans, il est très dévoué à son métier, malgré la difficulté de sa mission. « Ce métier est vraiment épuisant. Je tombe souvent malade à cause de la fatigue. Je souffre surtout des pieds. Mais je ne peux pas lâcher prise. Chez nous, beaucoup ne savent pas encore ni lire ni écrire et c’est un facteur de blocage pour le développement. Si je ne travaille pas, la situation ne s’améliorera pas », lance ce responsable de la ZAP Ambakobe, dans le district de Nosy Varika, samedi. Presque toutes les semaines, il doit faire le tour des établissements scolaires de sa ZAP, dans un rayon de 35 km, et se rendre au bureau de la Circonscription scolaire (Cisco) qui se trouve à 109 km de son village. L’inaccessibilité de certains endroits ne lui facilite pas la tâche. « Je parcours à pied les chemins qui mènent vers quelques établissements scolaires, comme celui qui se trouve à 35 km du chef-lieu de la commune. Cela prend plus de quatre heures de temps à l’aller comme au retour. Je fais également à pied, en deux jours et demi, les 109 km qui séparent le bureau de la Cisco de mon village. C’est difficile car la date-butoir du dépôt des rapports est très contre », témoigne Guy Ramiandrisoa. Insécurité À Mangabe, dans la Cisco de Maevatanana, le chef ZAP, Franck Martin Ramarolahy, gère des problèmes plus délicats. L’insécurité perturbe l’enseignement. « Des enseignants ont cessé temporairement leurs activités au cours de cette année scolaire, suite à des actes de banditisme. Les villageois s’enfuient et se réfugient dans la forêt. La reprise des cours est difficile », raconte-t-il. [caption id="attachment_60023" align="alignleft" width="159"] Guy Ramiandrasoa, le bejamin des chefs ZAP[/caption] La fonction d’un chef ZAP consiste à recueillir des données de chaque établissement scolaire, et à les rapporter au niveau de la Cisco dont il dépend. Il encadre aussi les enseignants et effectue des suivis. Mais Guy Ramiandrisoa fait un plus. « Je fais de mon mieux pour sensibiliser les parents à scolariser leurs enfants et à les maintenir en classe. Chez nous, il y a une carrière d’exploitation d’or et vers l’âge de 13 ans, les parents déscolarisent leurs enfants pour les envoyer y travailler. Je dois également encourager les parents à verser leurs parts pour la subvention des enseignants. Ils ne sont plus très motivés à s’acquitter de cette cotisation », fait remarquer le jeune chef ZAP. [caption id="attachment_60019" align="aligncenter" width="300"] Les chefs ZAP qui vont partir à la retraite ont été honorés[/caption] L’intervention des chefs ZAP est donc d’une importance cruciale pour la promotion de l’enseignement. « Le taux de redoublement a baissé chez nous, ces derniers temps. Nous obtenons ce bon résultat car les enseignants sont bien encadrés et les suivis sont renforcés », affirme un chef ZAP dans la Cisco Ambohidratrimo. Pour ces responsables, leurs formations devraient être étoffées encore plus, afin d’obtenir de meilleurs résultats. Des tablettes pour innover Tous les chefs ZAP ont été regroupés à Antananarivo, du 28 au 31 mars derniers. Les mille sept-cent soixante neuf ont été présents, à l'exception d’un petit nombre, dont une ou deux femmes qui ont accouché et d'autres qui sont tombés malades. Ils ont été dotés de tablettes, pour les encourager dans leurs missions. Grâce à cet appareil numérique, leur travail sera sûrement allégé. Désormais, ils n'auront plus de mal à collecter et à rapporter les données sur les établissements scolaires à la Cisco. Les informations seront, par la suite, envoyées tout de suite au niveau central, depuis la Cisco qui est dotée d'une connexion internet. La tablette comporte plusieurs applications. En fait, les données collectées vont permettre au ministère de l’Éduction nationale de planifier le système éducatif. « Par exemple, nous pourrons effectuer la riposte rapidement, si les informations sur les établissements scolaires détruits par une tempête arrivent en temps réel », indique Thierry Serge Tsitoara, directeur du TIC au sein du ministère de l'Éducation nationale. [caption id="attachment_60024" align="aligncenter" width="193"] Martin Ramarolahy se familiarise avec le tablette[/caption] Une visite mémorable Le regroupement des chefs ZAP à Antananarivo a été une occasion pour beaucoup d'entre eux de visiter la capitale. « C'est bien la première fois que je viens ici. Je suis complètement conquis par cette visite. J'ai admiré les bâtiments à plusieurs étages, les nombreux véhicules circulant dans les rues », lance Albert Manasoa, chef ZAP à Beloha-Androy. Un autre d'ajouter : « C'était vraiment capital pour moi de visiter le palais de Manjakamiadana. On l'apprend en classe, mais je n'ai pas imaginé comment il est ». Dans le cadre de cette visite, ils ont aussi rencontré le Président de la République, Hery Rajaonarimampianina, au palais d'État à Iavoloha, vendredi dernier. Ils ont discuté directement avec lui de leurs souhaits. Ce regroupement a été une grande première pour le ministère de l'Éducation nationale. « Le Plan sectoriel de l’éducation tient compte des intérêts de tous » Le directeur de la Technologie de l’information et de la communication (TIC) au sein du ministère de l’Éducation nationale évoque les acquis de chefs ZAP après leur récente formation. Pour quelles raisons les chefs ZAP ont-ils été regroupés à Antananarivo ? Ils ont été regroupés à Antananarivo pour des formations, notamment la maîtrise des nouvelles technologies de l'information. Le pic de ce regroupement a été la formation des chefs ZAP sur les grandes lignes de la réforme du Plan sectoriel de l’éducation (PSE). Ils ont été aussi formés sur le dialogue communautaire. La mobilisation communautaire entre dans notre stratégie de communication. Ces chefs ZAP seront alors les mobilisateurs communautaires. Ils vont sensibiliser la communauté pour qu’elle adhère à cette réforme. Quel est l’intérêt de l’adhésion de la communauté à cette réforme ? Si l’opinion publique n’y adhère pas, la mise en œuvre du PSE sera difficile. Je prends comme exemple le calendrier scolaire. Nous savons que l’actuel n'est pas adapté à notre climat. La saison cyclonique a lieu au beau milieu de l'année scolaire. Il faut modifier celle-ci pour prévenir les désastres causés par le cyclone sur l'enseignement. Notre calendrier scolaire n'est en faveur que de très peu de personnes, notamment celles qui souhaitent envoyer leurs enfants poursuivre leurs études à l'étranger. Comme c'est une politique de l'État, il faut que le PSE prenne en considération les intérêts de tous. Quelle est la prochaine étape de ce plan de communication ? Après cette formation des chefs ZAP, nous allons effectuer des descentes sur le terrain. À partir de ce mois d'avril, nous effectuerons un « road tour » pour informer tous les chefs d'établissement scolaire privés et publics des grandes lignes de cette réforme. Après cela, nous entamerons un autre « road tour » pour vulgariser le PSE auprès du grand public. Un « booklet » sera utilisé et sera distribué à tous les enseignants. Nous apposerons également des affiches dans tous les établissements scolaires et des établissements publics. Il est donc certain que nous allons procéder à cette grande réforme… Nous sommes certains que nous allons procéder à cette grande réforme, car il s'agit d'un processus inclusif. Ce n'est pas le ministère de l’Éducation nationale qui l'a élaborée. Il y a eu une consultation de toutes les parties prenantes. Tous les participants aux consultations régionales et nationale ont adhéré à cette réforme. Les partenaires techniques et financiers ont, en outre, déjà adopté ce plan, en 2017. Ce qui veut signifie qu'ils sont prêts à nous appuyer financièrement, même si la grande partie du financement dans la mise en œuvre du PSE appartient à l'État. Textes et photos : Miangaly Ralitera
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