2017, c’est le moment !


2017, une année pré-électorale qui s’annonce, avec les cartes des nouvelles donnes sur le grand fanorona politique de Madagascar. Quelques noms d’une ancienne vie politique se rappellent déjà au bon souvenir des citoyens électeurs, à coups de bonnes œuvres super-médiatisées et jouant sans complexe avec les cordes de l’émotion facile. D’autres, qui, au pouvoir, n’avaient pas été plus brillants que leurs adversaires, retrouvent une lucidité et un patriotisme exceptionnels : l’opposition est toujours forte de bonnes intentions jusqu’à ce qu’elle passe de l’autre côté du pouvoir. Certains se refont une virginité d’âme, versets en bouche et missels en mains, la confession de foi en lettres de néon pour bien cacher toute la misère autour. Et la présidence qui devra jouer des coudes pour renverser la vapeur des déceptions d’un mandat que l’on n’attendait pas. De toute évidence, rien n’est joué et aucun nom supposé se présenter aux élections 2018 ne semble encore pouvoir revêtir le costume de président pour l’instant. Aussi, avant même qu’ils ne viennent poser leurs intentions de se faire élire, imposons nos raisons de les choisir ou de les répudier. À nous, citoyens lambda, de faire l’inventaire de ce que l’on ne souhaite plus revivre et de ce que l’on exige de bénéficier. À nos cercles, nos familles, nos associations, nos organisations, nos institutions, nos partis de faire la liste des engagements qui nous paraissent primordiaux et non-négociables. Pourquoi ne pas commencer à faire le deuil de quelques préjugés   Déjà, accepter l’idée que le messie politique n’existe pas et arrêter définitivement de voir un sauveur chez n’importe quel quidam au sang un tantinet bouillonnant. Ensuite, en découdre avec l’éternel talon d’Achille des Malgaches, qui est de remettre tout le fardeau du monde sur les épaules d’un seul individu et oublier totalement de partager la charge et la responsabilité. Puis, donner trop de pouvoir à ce seul individu, lui permettant d’en délester une bonne partie au faveur de ses thuriféraires et au détriment des intérêts communs, comme notre passé nous l’a si bien montré. Arrêter de rejeter la responsabilité de nos déboires à d’autres (d’autres pays, d’autres époques, d’autres présidences etc) et admettre que pour aboutir à une telle décadence, il a fallu que nous nous y mettions tous ensemble : 23 millions de fautifs, qui n’ont pas aidé Madagascar. Enfin, revoir le CV politique de chaque prétendant au pouvoir et ne pas oublier par quelles portes ils sont parvenus à leurs fins : les revoir dans l’arène ne se signifie pas forcément qu’ils ont corrigé leurs copies, certains ont juste soif de revanche. Ce qui les rendra imprévisibles et donc, dangereux. Une fois la pilule avalée, voir autour de soi, même avec des yeux novices en politique – sans doute alors les yeux les plus utiles au pays -, ce qui doit se faire, ce qui peut se faire, ce qui peut attendre et par quels moyens y parvenir. Et former ces intérêts en des requêtes censées et compréhensibles par tous. Un exercice, certes, encombrant mais bien nécessaire pour notre avenir à tous. C’est le moment d’écouter les experts, les spécialistes, les initiés, les paysans et le simple homme de la rue. C’est le moment d’agir pour la société civile, fortifier les lobbies et soutenir les causes. C’est le moment pour les activistes de prendre leurs bâtons de pèlerin. C’est le moment pour les médias de prendre le relais des idées et les rendre concrètes à travers leurs reportages. C’est le moment pour les partis de faire entendre – encore une fois, si ce n’est déjà fait – leurs positions respectives sur les sujets d’importance et de prendre position pour être clairement comprises des électeurs. C’est le moment d’avoir des discussions et des débats clairs : une longue année à confronter des convictions. Confronter des convictions et oublier les sentiers battus et stériles des bonnes œuvres à la petite semaine, des foires aux t-shirts estampillés de têtes de candidats – les seules interactions entre ceux-là et la majorité de l’électorat – et des meetings bien animés et vides de sens. On sait bien où ces propagandes creuses nous ont menés jusqu’ici. Prenons de l’avance sur les moutons et faisons ce que nous sommes censés faire : défendre notre Madagascar. Par Mialisoa Randriamampianina
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