Des proverbes pour faire attention aux maladies


Dans son article sur « L’esprit médical à travers ses proverbes ou ohabolana » (1963), le Dr Tsimahafotsy Randriamaro fait quelques observations. Notamment sur la technique de la vaccination pratiquée autrefois, avant la découverte du vaccin jennérien, par les guérisseurs malgaches. Selon le Dr Ramisaray, ils se servent, par exemple, de la croûte grisâtre des pustules à la période de dessiccation. Des scarifications légères sur une partie du corps provoquent alors quelques éruptions bénignes qui immunisent contre la variole. Même méthode pour immuniser contre les piqûres de scorpions. Scarification au bout du doigt et de la langue avec un peu de liquide provenant de la macération de la queue du scorpion. Proverbes • Il n’y a pas de maladie pire que la variole (c’est elle qui m’a fait perdre ceux que j’aimais). • Fièvre d’Avaradrano, les remèdes réputés sacrés ne font pas de miracle. Avaradrano est la région nord-est de l’Imerina où sévissaient autrefois des épidémies périodiques de fièvres pernicieuses. Devant le nombre de morts, l’inefficacité des remèdes est devenue proverbiale. • Maladies épidémiques d’Imamo (région sud-ouest de l’Imerina): ceux qui ne sont pas fauchés par la mort, gardent un gros ventre (splénomégalie). • Soldats de l’armée de Rainingory reviennent couverts d’ulcères. Le service sanitaire de l’armée de ce général laissait à désirer, d’où ce dicton. • Ne prépare pas de remèdes à la façon de Rabetsiafindra, il sait en préparer pour les autres et pas pour lui-même. • Ne te crois pas le fils de Mpisikidy (guérisseur) qui dit qu’il ne tombera jamais malade, tout comme le fils du forgeron qui dit qu’il ne se brûlera jamais. • Il n’est pas mauvais de guérir sans prendre de médicaments (nature médicatrice). • Une seule application de remède ne suffit pas. • Trop de médicaments nuisent. • Le remède des faibles est leur honnêteté. • Le remède des forts est de demander pardon quand ils ont fauté. • Avoir un bras vigoureux n’est pas une assurance pour la vie, et la jeunesse n’est pas un talisman contre la mort. Car tous, nous mourrons. • La mort nous poursuit en courant et les maladies sont inséparables de notre être comme les grains de beauté de l’épiderme. • La vie est un pot de terre et on ne sait s’il se brisera pendant le jour ou pendant la nuit. • La vie est comme le parfum qui s’exhale pendant la cuisson des mets, on ne sait quand il se dissipera. • La vie est une ombre et une fumée, elle passe et n’est plus. Le Dr Tsimahafotsy Randriamaro précise qu’à travers ces traductions de quelques proverbes, il a essayé de dégager l’esprit médical des ancêtres malgaches. Celui-ci se caractérise par «la primauté du psychisme sur le somatisme », «l’hippocratisme et le psychosomatisme», le respect traditionnel de ceux qui sont malades et de ceux qui souffrent. «La spiritualité, la pondération et l’esprit synthétique de nos ancêtres proviennent de leur observation de la nature qui est leur maître. » Il conclut son article par un dernier Ohabolana, «cher à nous aïeux», pour inculquer aux enfants la reconnaissance envers leurs parents, éducateurs, bienfaiteurs, etc. « Ne repousse jamais du pied la pirogue qui t’a servi pour traverser la profonde rivière… Tu risquerais de te noyer. »
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