Caf... ouillage


Comme il fallait s’y attendre la sanction de la Confédération africaine de football est tombée tel un couperet après le drame du 9 septembre. Un spectateur avait perdu la vie dans une bousculade à l’entrée du match aller des éliminatoires de la Can 2019 face au Sénégal, et plusieurs personnes ont été blessées. Selon la décision de la Caf, le stade de Mahamasina sera privé de matchs internationaux pendant trois mois ou l’équivalent de trois matches. Par la suite le stade ne sera rouvert que sur autorisation de la Caf qui aura vérifié si des dispositions de sécurité ont été prises. Du coup le bel élan des Barea est stoppé net, le rêve des footeux de voir leur équipe nationale disputer une phase finale de la Can est compromis. Les deux prochains matches contre la Guinée Équatoriale le 17 octobre et le Soudan le 16 novembre se disputeront ailleurs, soit à Vontovorona, soit à Mahajanga. Dans l’un ou l’autre cas les Barea gagneront en qualité de pelouse mais seront privés du précieux soutien du public avec une capacité réduite de ces stades. La Fédération malgache de football est, sans conteste, le responsable direct de ce qui s’est passé, faute d’avoir pris les dispositifs de sécurité nécessaires en pareil événement qui est une routine dans son fonctionnement. Mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt. Cette sentence de la Caf n’est que la résultante d’un dysfonctionnement général du sport et du manque total de vision au niveau de l’État et de cohésion entre les instances du sport en l’occurrence le ministère des Sports, les communes urbaines, les fédérations sportives, le Comité olympique et les associations sportives. Chacun fait ce qui lui plaît et travaille en solo dans son coin, faute de politique nationale du sport et d’objectifs clairs. À preuve, la Cua n’a jamais voulu que la FMF modernise le stade de Mahamasina depuis 1999 sur un financement de 500.000 dollars de la Fifa. En outre le ministère des Sports, du moins depuis la Transition, a toujours été occupé par un bouche trou du gouvernement, au titre d’’équilibre politique ou régional au point de nommer un ministre qui ne connaissait pas le plus grand athlète de tous les temps, Jean Louis Ravelomanantsoa. Ce sera toujours le cas car jusqu’ici aucun des trente-six candidats à la présidentielle ne fait part de sa préoccupation pour le sport encore moins des jeunes de moins de 25 ans qui constituent 65 % de la population. Le Comité Olympique en rajoute, se mêlant de ce qui ne le regarde pas malgré la mise en demeure du CIO l’année dernière. La construction d’infrastructures, la formation des cadres sportifs, l’organisation des compétitions, trois bases du développement du sport, doivent être répartis de façon claire entre toutes ces entités. Le drame ne se serait pas passé si le sport était une priorité de l’État qui aurait dû penser à construire un plus grand stade aux normes internationales. Il faut dire que Mahamasina ne respecte aucune norme, excepté la dimension du terrain. Ni les vestiaires, ni les normes de sécurité, ni le matériel de communication pour la presse ne répondent aux exigences de la Fifa pour un match international de cette envergure. D’ailleurs, il n’y a que deux ou trois établissements hôteliers qui peuvent accueillir une délégation étrangère de la taille du Sénégal. Un véritable cafouillage règne dans le monde du sport. Les quelques titres gagnés ici et là par la pétanque, le kick boxing, le tennis ainsi que l’embellie des Barea grâce surtout à l’apport dés joueurs expatriés, ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Quand les objectifs majeurs restent les Jeux des îles et les Jeux de la CSJOI dans lesquels on a du mal à finir dans les cinq premiers, devançant juste les îles éparses, quand aucun athlète n’arrive plus à se qualifier pour les Jeux Olympiques, les sanctions sont plutôt les bienvenues. Elles doivent servir à se remettre en question, à jeter un coup d’œil par dessus l’épaule et revoir le piédestal sur lequel on était perché il y quelques années.
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