Joyeux Noël, Mossoul


Joyeux Noël. Et en particulier, dans toutes ces régions du monde où être chrétien est encore passible de persécution et où, pourtant, bien plus que ceux qui vivent sur les terres pacifiques et relativement calmes, les chrétiens de ces contrées dangereuses sont les plus coura­geux dans leur foi. Il n'est sans doute pas facile d'être chrétien à Mossoul, six mois après la libération de cette ville iraquienne prise aux mains de l'État islamique depuis 2014, et qui a fait détruire, entre autres, plusieurs églises chrétiennes dont celle de Notre Dame de l'Heure de Mossoul, construite en 1870. Il y avait près de 10.000 chrétiens à Mossoul avant le siège islamique qui les a obligés à fuir sous la persécution. Pourtant, et n'est-ce pas un magnifique signe de tolérance et de solidarité, c'est bien à Mossoul où les églises chrétiennes ont été détruites, que les groupes civils sunnites viennent en aide à la communauté chrétienne récemment revenue sur les lieux pour reconstruire leurs vies et leurs églises. Quelle beauté de geste, en particulier en cette saison de Noël. Que ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne aident les chrétiens à la préserver. À un moment de nos vies, nationales comme internationales, alors même que ceux qui détiennent le pouvoir de changer par leur voix et leur adhésion ne le font que du bout des lèvres et même continuent à attiser l'amertume des plus faibles, n'est-ce pas ce geste solidaire, accompli dans un pays de tradition non-chrétienne qui inspire le plus, le mieux et le plus parfaite­ment l'idéal sans cesse repris d'un «monde en paix». Il est important et même salutaire, mais ô combien, impossible à faire respecter par ceux qui le doivent, de toujours séparer l'État et l'église. Mais s'il est inenvisageable pour certains dirigeants de respecter cette laïcité, on se rend compte que c'est généralement par pure forme et rarement dans le fond. Si les clochers, les minarets, les doany, etc. pouvaient un jour servir pour la cause de la concorde humaine, non par des dons de nourritures, de vêtements ou de jouets qui ne sont que des petites choses ponctuelles qui n'agissent que pour colmater quelques brèches et la plupart du temps ne sont que de viles opérations tape-à-l'œil pour se faire mousser, mais par l'idée de pouvoir un jour créer un «monde en paix»... Noël est une saison de vœux. Puisse un jour l'esprit de solidarité vaincre l'extré­misme, puissent un jour ces millions de gens persécutés à cause de leur foi - et pas forcément une foi chrétienne - et de leurs convictions profondes, retrouver un temps de paix parce que ceux qui leur sont différents ne leur sont plus indifférents. Joyeux Noël, Mossoul. Par Mialisoa Randriamampianina
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