Aj...urnement


Compromise. Avec le vote ajourné des lois électorales à l’Assemblée  nationale, c’est la tenue des élections présidentielle et législatives qui se trouvent hypothéquée. Le fait que ce sont les députés de la majorité qui demandent l’ajournement du vote en prétextant ne pas connaître le contenu du projet de loi est à la fois suspect et inquiétant. Le gouvernement a tout fait pour que ces lois soient votées mais les députés ont été obligés de voter l’ajournement pour sauver les meubles. Le rapport des forces est tel que si le projet de loi était soumis à l’adoption, il aurait risqué un cinglant camouflet. Le vote de l’ajournement n’a gagné que d’un écart de deux voix. Une nouvelle session extraordinaire ne changera pas grand chose, étant donné qu’il sera difficile pour la majorité de réunir les soixante seize voix nécessaires pour que les lois soient votées. Quelque chose est en train de changer à Tsimbazaza où le vote des projets de loi a toujours été une formalité jusqu’ici. Maintenant, avec les allées et venues de ces lois électorales entre l’Assemblée nationale et le Sénat avant une adoption définitive, on aura perdu beaucoup de temps. Et plus on tergiverse, plus la marge de manœuvre se réduit pour l’organisation d’une élection correcte. Là il faut encore attendre pour pouvoir connaître la date des élections. Ensuite, le gouvernement doit procéder à la convocation des électeurs et ainsi de suite. La Ceni aura d’autant plus de mal à assurer les préparatifs des élections si le temps est relativement court entre l’annonce des dates des élections et la tenue du scrutin. Rien que l’impression du bulletin unique d’un premier tour demande un sacré laps de temps. Or il est presque certain qu’avec le nombre de candidats farfelus et soi-disant messies des églises sectes, on aura une flopée de prétendants. On risque même de dépasser le record de cinquante candidats de 2013. On en est déjà à plus d’une dizaine alors que la date de l’élection n’est pas encore connue. Plus le temps de préparation est réduit, plus l’élection risque d’être bâclée. Il y aura alors un risque réel de trouble. On se demande alors s’il ne faudrait pas prendre le temps de tout revoir et faire les choses sans précipitation. Qu’on le veuille ou nom, la période d’un mois qui sépare le premier tour du second de la présidentielle, est aberrante. On ne pourra jamais publier les résultats officiels du premier tour, traiter les contentieux électoraux, organiser la campagne du second tour et tenir le scrutin. C’est juste impossible, que l’on soit du côté du  pouvoir ou dans les rangs de l’opposition. Le pouvoir n’a pas tort d’avoir voulu changer cet article de la Constitution, visiblement conçu par quelqu’un qui est sûr de gagner au premier tour. Ce qui est pratiquement impossible. Le vin est tiré, il faut le boire, quitte à buter sur l’aj... urnement. Par Sylvain Ranjalahy
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