Le centre-ville, un ensemble monumental


Dès sa construction,l’avenue de l'Indépendance (ex-avenue Fallières puis ex-avenue de La Libération) forme un ensemble monumental. Une œuvre de longue haleine aboutit à sa réalisation. À la fin du XIXe siècle, M. Estèbe, maire d'Antananarivo d'accord avec le général Gallieni, achète les rizières au nord d'Analakely dans l'intention d'y établir la future gare de Soarano. Puis il obtient des habitants de la colline d'Antanimena qu'ils lui cèdent leurs terrains. Il fait alors raser la butte et ses déblais viennent combler les rizières. La gare de Soarano sera fonctionnelle en 1910. La même année, M. Delpech trace l'avenue Fallières et S. Savaron l'établit, tandis que se comblent les terrains avoisinant Ambatomena. Deux grands escaliers en vis-à-vis relient désormais le haut du quartier d'Ambondrona à la Place Colbert à Antaninarenina. Et c'est à l'extrémité de l'avenue Fallières, que serait érigée la statue équestre de Gallieni qui se détacherait sur l'arrière-plan verdoyant des arbres qui grandissent dans le Jardin d'Ambohijatovo. Le programme est réalisé en tous points. En 1923 le long de l'avenue, le gouverneur général Hubert Garbit fait construire un bâtiment destiné à recevoir les stands de l'Exposition de Madagascar. Mais l'architecte n'ayant pas tenu compte du terrain sur lequel il doit exercer ses talents, il se produit des affaissements qui obligent à démolir plus tard l'édifice. Cette mésaventure incite à la prudence. En 1930 le gouverneur général Léon Cayla, aidé de son ami de Cantelou, s'empresse de mettre à l'étude un plan qui doit faire de tout ce quartier l'un des plus beaux et des plus modernes de la ville. « Mais on se retint de voir grand, alors on fit petit. » Et l'on s'arrête au choix de l'unité-type architectural. « Du gouverneur général Cayla, originaire de l'Oranie, vient peut-être l'idée chère aux Méditerranéens d'une galerie à portique, conception également valable dans ce pays de soleil et de plaine (...) Quant à de Cantelou, son goût discutable des pergolas s'est répandu trop visiblement dans la ville pour qu'on puisse hésiter sur leur origine. Tout comme les bow-windows de l'avenue, elles étaient de mode dans les années 1920-1930. » Le bloc des bâtiments de l'Hôtel de ville, très solennellement inauguré le 7 mars 1936, complète le tout. Son aspect en fait l'un des édifices les plus réussis de la capitale. « La grandeur de l'avenue avec ses parterres joliment gazonnés et fleuris fait admettre son encadrement architectural. » Selon un expert des années 1950, pour l'urbaniste qui veut traiter la question d'Antananarivo, « le problème se trouve simplifié en raison de la structure acquise par la ville: la capitale est centrée, axée et orientée dans son développement ». Centrée parce qu'elle a déjà un centre virtuel, primordial, chargé de signification spirituelle: le Palais de la Reine et sa référence historique; parce qu'elle a ensuite un autre centre, réel celui-là, où s'entrecoupent ses lignes de force et qui est son actuel point de gravité: la place du Zoma. Axée puisqu'elle offre un axe de symétrie, l'avenue de la Libération et le Parc d'Ambohijatovo qui divise la ville en deux moitiés. Orientée car son développement évident suit une ligne de force sur son axe même vers le nord-ouest, c'est-à-dire en direction de la route de Mahajanga. Texte : Pela Ravalitera - Photo : Agence nationale Taratra
Plus récente Plus ancienne