Affaire Houcine Arfa - Le SMM saisit le Bianco


Le Syndicat des magistrats de Madagascar a adressé une doléance au Bureau indépendant anticorruption. Une enquête est ouverte pour vérifier s’il y a réellement des cas de corruption. Suite logique. Le Bureau indépendant anti-corruption a du pain sur la planche, le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM) l’ayant saisi. Une lettre signée par Fanirisoa Ernaivo, présidente du SMM datée du 16 janvier demande au directeur général du Bianco d’ouvrir une enquête sur l’affaire Houcine Arfa. La seconde sortie médiatique du franco-algérien aborde les péripéties de son évasion du 28 décembre. Il a déclaré, par voie de presse, avoir été « aidé » par plusieurs hauts responsables dont la ministre de la Justice, son directeur de cabinet et un procureur sur fond de corruption. Les syndicalistes déplorent l’impact de cette déclaration sur l’image de la Justice en général. « Cette affaire, qu’elle soit vraie ou fausse, salit la Justice malgache. Seules les enquêtes permettront d’établir la vérité », stipule la lettre signée par Fanirisoa Ernaivo. Jean Louis Andriamifidy, directeur général du Bianco a confirmé la réception de la doléance du SMM. « Comme il est d’usage, la lettre a été enregistrée. Cette affaire sera traitée selon les règles de l’art. Nous allons faire des recoupements, car il y a eu des déclarations contradictoires », soutient le DG du Bianco. Comme la corruption est une infraction occulte, il est difficile de trouver des preuves matérielles pour justifier les faits. Par ailleurs, Houcine Arfa s’est évadé en France, alors qu’il est une pièce maîtresse dans cette enquête. « On fait ici ce qu’on peut faire ici », poursuit le numéro un du Bianco. Enquête approfondie Récupérée, commentée, interprétée par différents acteurs selon leurs intérêts respectifs, l’affaire Houcine Arfa a ébranlé la Justice malgache jusqu’au plus haut point. Par ailleurs, elle a acquis un terrain favorable, étant donnée la perception du système judiciaire malgache par l’opinion publique. Ainsi, le SMM réclame une enquête approfondie qui permettra de sanctionner, selon la loi, Houcine Arfa pour dénonciations abusives ou calomnieuses, s’il s’avère que ses déclarations sont fausses. Si corruption il y a eu, les auteurs devront être sanctionnés, propose la missive. La loi anti-corruption renforce le pouvoir d’enquête du Bianco. Actuel­lement, cette instance de lutte contre la corruption jouit de l’inopposabilité des immunités et privilèges. Ainsi, pour établir les faits et rassembler les preuves, de hauts responsables vont être entendus, comme cela a été le cas lors de l’évacuation sanitaire de Claudine Razaimamonjy. Cheval de bataille du SMM depuis toujours, l’assainissement et l’indépendance de la Justice sont de nouveau réclamés à travers ce communiqué. Après les résultats mitigés sur l’observation de grève illimitée du dernier trimestre de 2017, cette revendication est revigorée, d’autant que la portée de cette affaire dépasse nos frontières. Andry Rialintsalama
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