Les Collines royales sacrées, véritables points stratégiques


Antananarivo, l’ancienne Analamanga, se situe au centre de toutes les Collines sacrées de l’Imerina où, pour la plupart, Andrianampoinimerina installe l’une de ses épouses. Effectivement, ce dernier s’intéresse plus particulièrement à plusieurs collines, véritables points stratégiques d’où le regard porte loin, d’où l’arrivée des ennemis est aperçue. Avec Ambohimalaza, elles forment autour d’Antananarivo une chaine qui se découpe à l’horizon. Selon Urbain-Faurec et Lavau, leur nombre est poussé (ou limité) jusqu’à douze car ce chiffre, dans les civilisations judaïques et orientales anciennes, correspond à la plénitude, à l’achèvement, à l’intégrité. En fait, « il n’y a pas que douze montagnes royales en Imerina comme Andrianampoinimerina n’a pas que douze femmes et comme il ne vénère pas que douze idoles ». C’est pourquoi les historiens ne sont pas unanimes quant à leur énumération. Certains citent assez volontiers Ambohidrapeto, Fenoarivo, Amboatany, Imerimandroso, Iharanandriana, Ambohibeloma. En tout cas, ils énumèrent toujours Analamanga, Ambohimanga, Alasora, Antsahadinta et souvent Ambohidratrimo et Ilafy. En outre, il est difficile d’établir un lien entre les « Douze collines sacrées » et les « Douze épouses royales ». C’est le cas de Fenoarivo qui n’est pas une colline. Pourtant, c’est une cité royale où le souverain place deux de ses femmes. Longtemps, ces collines arborent un prestige presque surnaturel lorsqu’elles abritent des tombeaux royaux qui ont une signification profonde. Pour le Malgache, la mort n’est qu’un sommeil éternel et les Ancêtres constituent le trait d’union entre le Créateur-Zanahary et lui. Parmi les « énumérations officielles », il y a celle-ci. Au nord, la montagne la plus proche d’Antananarivo se situe à Ilafy, capitale de l’oncle maternel d’Andrianampoinimerina. Jean Laborde, à son arrivée, y forge son premier fusil, en association avec un autre Français, un certain Droit qui exploite vers 1832, pour le compte de Ranavalomanjaka, première du nom, une entreprise industrielle. Centre des alliances entre Ambohimanga, Antananarivo et Ambohidrabiby, le village serait, en 1863, la première sépulture de Radama II, victime d’un régicide. Plus loin, Namehana est rendue célèbre par une bataille entre les troupes royales et l’arrière-garde de l’expédition française en 1895. À Ambohidrabiby règne vers 1600, Ralambo. Il laisse le souvenir d’un guerrier tout à la fois redoutable et rusé. C’est lui qui, le premier, organise la hiérarchie des castes nobles, plus tard aménagée par son descendant Andriamasinavalona. C’est également lui qui donne  à son royaume le nom d’Imerina Ambaniandro, allusion au fait qu’il domine le royaume et que seul le soleil le surplombe. Ambohimanga est la plus connue de toutes les collines sacrées et elle est le berceau de la dynastie merina. C’est de là qu’Imboa­salama mène ses campagnes de réunification de l’Imerina. Au nord-ouest, se trouve Ambohidratrimo dont le roi Rabehety résiste longtemps aux conquérants avant de reconnaitre le roi d’Ambohimanga. C’est l’héritage de Rambolamasoandro, mère de Radama Ier. Kaloy, perché à 1 600 mètres d’altitude, est le village natal d’Andrianampoinimerina dont il impose, plus tard, les poids et mesures dans tout le royaume. Au sud-est, Alasora- à laquelle est rattachée Imerimanjaka- est le berceau des souches de la royauté merina, avec Rafohy et sa fille Rangita. Le fils de cette dernière, Andriamanelo, père de Ralambo, y règne vers 1540. Au sud-ouest, Ampandrana à proximité d’Ankadivoribe, est le berceau des souverains vazimba. Andrianampoinimerina n’y place aucune de ses épouses, mais il l’invoque toujours pour se rattacher aux temps immémoriaux. Antsahadinta est le fief de Rabodozafi­manjaka, dont la fin est tragique. La soupçonnant de manœuvres déloyales, son époux royal lui fait subir une ordalie. Ambohijoky, autrefois Analamasina, se distingue par la longue résistance des Manisotra contre Andrianampoinimerina. Par la suite, celui-ci y installe laplus âgée de ses épouses, d’où son nom de « Colline de l’aînée ». Texte : Pela Ravalitera - Photo : Archives personnelles
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