Évasion d'Houcine Arfa - Levée de boucliers des pénitentiaires


Les syndicats du personnel des services pénitenciers réclame la mise en liberté provisoire de leurs collègues. Il affirme que les prévenus ont été victimes des aléas de l'exécution d'un ordre. Défense. « Sur l'affaire concernant l'évasion d'un ressortissant français ayant entrainé la détention préventive de trois agents pénitentiaires, les syndicats au sein de l'administration pénitentiaire se lève et fait cette déclaration ». C'est par cette phrase que les organisations syndicales au sein de l'administration pénitentiaire que sont le SPAPM et SNIAP ont introduit leur annonce d'hier. Devant les journalistes, à Antanimora, hier, ils ont appelé à la mise en liberté provisoire de leurs collègues. « Ils n'ont fait qu'exécuter le travail qu'on leur a demandé de faire lorsqu'ils ont été victimes d'une agression ayant permis au détenu de s'évader », est l'un des arguments soulevés pour motiver la requête pour la libération de trois agents pénitentiaires. Bien que le nom du fugitif n'ait pas été prononcé dans la déclaration d'hier, la sortie des deux syndicats est une réaction à l'évolution de l'affaire Houcine Arfa. Ce ressortissant français aurait profité d'une évacuation sanitaire pour se faire la malle. À s'en tenir au texte lu par Pierrot Razafin­dranamana, chef de file de l'un de deux syndicats, le fugitif aurait donc pris la poudre d'escampette à la suite d'une agression du convoi pénitentiaire dont la précarité et la vulnérabilité ont été soulignées, hier. La thèse de l'existence de complices au sein de l'administration pénitentiaire, entre autres, ayant facilité l'évasion d'Houcine Arfa, est pourtant privilégiée par les enquêteurs. L'enquête sur les circonstances de cette évasion a, pour l'instant, mené au placement sous mandat de dépôt des trois gardiens de prison ayant escorté le détenu. Sur ordre Outre réclamer la libération provisoire de leurs collègues, le SPAPM et le SNIAP tennent à souligner qu'au sein de cette administration, les agents sont les derniers maillons de la chaîne. Il se chuchotait durant la rencontre avec la presse d'hier, à Antanimora, que «ce détenu n'aurait jamais été transféré. Seulement, il s'agissait d'un ordre». La déclaration déplore que « nous constatons que ce sont systématiquement les agents pénitentiaires qui subissent les conséquences de l'exécution des ordres qui leur sont donnés malgré les risques et l'insuffisance matérielle comme les véhicules cellulaires et les armes ». La déclaration ajoute, par ailleurs, «nous encourageons la poursuite des enquêtes sur cette affaire pour mettre en lumière toute la vérité et rétablir la justice ». Le SPAPM et SNIAP insistent sur le point que leurs collègues n'ont fait qu'exécuter les ordres. Également suspecté d'avoir attenté à la vie du Président de la République, voir un criminel présenté comme «dangereux», n'être escorté que par trois agents, bien qu'il soit supposé malade, prête à suspicion. Désormais réfugié en France, mais sous la coupe d'un mandat d'arrêt international, Houcine Arfa, pour tenter d'échapper à un nouvel emprisonnement, use de l'arme médiatique. Il affirme avoir obtenu l'aide de hautes personnalités étatiques. Dernièrement, il a affirmé avoir payé plusieurs milliers d'euros à des responsables pour permettre son évasion. La somme de 70.000 euros qu'il aurait versée à la ministre de la Justice a été, notamment, citée. L'implication de hauts responsables de l'administration pénitentiaire a, également, été dit par le fugitif. Sur Radio France internationale (RFI), il a parlé d'aide d'anciens ministres, ou encore, d'officiers généraux. «Il ne faut pas oublier que ces déclarations sont ceux d'un évadé de prison», a souligné Solonandrasana Olivier Mahafaly, Premier ministre, hier. L'affaire ébranle néanmoins le système judiciaire et de sécurité. Sauf changement, le procureur de la République fera une déclaration officielle sur cette affaire aujourd'hui. Les circonstances de l'évasion restent jusqu'ici opaques. Après les accusations faites par le fugitif, la transparence ne serait pas de trop, en attendant les résultats de l'enquête. Garry Fabrice Ranaivoson
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