Chronique improbable sur les Grammy Awards


Normalement, je ne devais pas m’intéresser aux Grammy Awards, même 59e du nom.  Jusqu’à ce que, d’une news à une autre, je tombe sur un résumé montrant l’anti-trumpisme convenu : protestation contre le projet du Président américain d’un mur anti-clandestins, appel à résister à son projet de mise à l’index des pays islamistes. Comme si, parce que artiste-chanteur/auteur/compositeur, on doit obligatoirement souscrire au gauchisme progressiste. Un peu comme se proclamer écologiste, aimer la forêt, protéger les cours d’eau, suivre des documentaires animaliers, et ne plus pouvoir se déclarer favorable à la condamnation à mort de terroristes radicalisés ou de violeurs récidivistes. Ou avoir de l’empathie pour des opérations type «Restos du Cœur» et hésiter à prendre ses distances avec le paléo-communisme archaïque de type cubain, vénézuélien ou nord-coréen. Voire, sortir vainqueur des primaires de la Gauche et ne pas trouver les mots de principe pour condamner le vandalisme des «jeunes» de banlieue, comme si ce passeport géographique était un permis de tout saccager, de préférence en bande, en minorité bien visible même sous la cagoule. Grâce à, ou à cause de, cette sortie intempestive de la bien-pensance californo-hollywoodienne, j’apprends que les «Grammy’s» comportent un nombre incalculable (exactement 84, quatre-vingt-quatre, pour 2017) de trophées. Un inventaire quasi-exhaustif de tous les genres musicaux : RnB, Urban, Rap, Country, New Age, Jazz, Gospel, Christian Music, Latin Rock/Urban/Alternative, Regional Mexican, Tropical Latin (les Latin Grammy Awards, premier programme hispanique en prime-time, ont été inventés en 2000), Blues, Folk, Reggae. Même la «World Music», rayons dans lesquels, on allait autrefois chercher les CD de musique malgache à la Virgin Megastore. Et la «Children’s Music», sans oublier la musique classique, l’opéra, les chorales, les musiques de film (vainqueur The Beattles : Eight Days a Week). C’est un monde qui m’est étranger, vraiment, et que je découvre (un peu) en même temps que j’écris cette Chronique. Des noms plus familiers apparaissent cependant, ici et là : Jean-Michel Jarre nominé en musique électronique ; Tim McGraw, compositeur nominé pour «Humble and Kind», catégorie Country Song ; nominée, une musique de Thomas Newman, dans le film «Bridge of Spies» ; primé, le coffret sur «Édith Piaf : 1915-2015»... Le palmarès de la «National Academy of Recording Arts and Sciences», ou «Recording Academy», depuis 1958, incite cependant au respect pour les prix décernés du vivant des artistes : Leonard Bernstein, 1985 ; Ray Charles, 1987 ; Bob Dylan, 1991... Comme toujours, les médias étaient trop obnubilés par tout ce qui ne m’intéresse que moyennement. Pendant qu’à Los Angeles, les Grammy Awards se déroulaient imperturbable­ment, 700 kms plus loin, à Oroville, Thermalito et Palermo, dans le même État de Californie, 200.000 personnes, établies en aval du lac-barrage d’Oroville quittaient précipitamment leur maison : une rupture dans le plus haut barrage des États-Unis (230 mètres) menace de provoquer un tsunami avec des vagues de dix mètres de haut. Les Grammy’s et le barrage d’Oroville sont nés tous deux à la fin des années 1950, mais le show qui continue n’est définitivement pas le même. Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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