Menacée dans son intégrité


La pluie revient et emmène avec elle la lumière. Il y a 20 ans, les averses étaient encore synonymes de coupure de courant. Mais les choses ont changé depuis. Les orages ramènent plutôt l’électricité. Ils créent bien des petites coupures de 5, 10, 15 à 20 minutes, mais quand on a vécu les deux fois trois à quatre heures de délestage par jour, on se dit qu’on peut bien survivre à ces menus « problèmes techniques » et à ces « pannes légères ». Et puis, la Jirama n’assure-t-elle pas qu’elle « déploie des efforts afin d’améliorer son service clientèle » ? N’a-t-elle pas étoffé son équipe frontline « pour recevoir en temps réel, les réclamations ou les signalisations d’incidents »  Compte tenu du peu qu’elle peut offrir malgré le coût élevé qu’elle exige en échange, c’est bien le moins qu’elle puisse faire. Une réaction rapide et efficace aux demandes d’assistance et d’intervention. Elle n’y est peut-être pas habituée, mais il est sans doute temps qu’elle apprenne à réagir comme un commerçant qui vend des services à un client. Et en général, ce dernier est considéré comme un roi. Parce qu’il paie, il doit être correctement servi. Il est vrai qu’à la Jirama, le prix de vente de l’électricité est moins élevé que son prix « d’achat ». C’est d’ailleurs, semble-t-il, les raisons du déficit de la compagnie. Comme elle ne peut plus, pour diverses raisons, produire elle-même sa propre électricité, elle doit recourir à des prestataires pour produire l’électricité qu’elle va vendre à ses abonnés. Mais si elle doit acheter l’électricité au prix fort auprès de ses fournisseurs, elle ne peut que la vendre à bas prix auprès de ses abonnés. Est-ce pour cela que ces derniers ne sont ni traités ni considérés comme il se doit ? Est-ce pour cela que dans certains cas, ils doivent payer davantage pour avoir droit à un service classique et standard  ? Tout le monde crie au scandale quand les bailleurs de fonds évoquent l’injustice de la subvention versée à une compagnie qui ne bénéficie qu’à 14% de la population. Mais n’est-il pas injuste de faire payer ceux qui ne sont même pas branchés à la Jirama pour que les 14% de la population soient correctement approvisionnés en électricité ? Et si les abonnés, pour commencer, payaient enfin le prix réel de ce qu’ils consomment ? Bien sûr, ce prix aujourd’hui est horriblement, scandaleusement élevé. Mais l’idée n’est pas non plus de payer les factures les yeux fermés. Il est aussi question d’exiger, derrière le produit, la technologie la moins chère et la plus propre. Il s’agit aussi de refuser qu’une société d’Etat, parce qu’elle a le monopole dans son secteur, n’en fasse qu’à sa tête, et ne daigne s’excuser que lorsqu’elle se sent menacée dans son intégrité. Par Lova Rabary-Rakotondravony
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