Scandale foncier - Un projet de ville nouvelle tombe à l'eau


Des héritiers ont été lésés au profit d'opérateurs indiens et chinois. Un parfum de scandale. C'est ce qui ressort de l'épilogue d'un projet de ville nouvelle à Ambohidratrimo en 2012, à proximité de l'aéroport d'Ivato. D'un montant de 200 millions de dollars, le projet devait se construire sur la propriété dite Anosilava d'une superficie de 350 ha, appartenant à Thomas Rakotondrasoa et Jean Claude Rakotomanga, héritiers légaux de Rafali­manana, de Ratelo et de Ravelomanana. « L'État avait réquisitionné une partie de ce terrain pour un projet qui n'avait pas abouti. Les héritiers ont signé, à cet effet, un acte de vente sous seing privé avec un tiers, mais n'ont rien perçu. Ils croyaient donc que l'acte n'a pas été validé », indique un collège de trois avocats qui assure leur défense. « C'est en tentant de demander à l'État de restituer leur terrain qu'ils ont eu la grosse surprise de savoir que celui-ci a été inscrit aux noms de plusieurs personnes », révèle toujours leur conseil. Selon un partenaire local du projet, des dizaines de milliards d'ariary ont été investis pour la conception du projet de ville nouvelle ainsi que pour l'acquisition d'une centaine d'hectares de terrain. Le projet a bien avancé et des contrats de paiement ont été signés. Juridiquement, les centaines d'hectares de terrain appartiennent à des paysans héritiers. Mais au fur et à mesure que le projet avance, des blocages administratifs se sont fait sentir. Célérité douteuse Les héritiers ont ainsi porté plainte contre cinq personnes, dont les nouveaux propriétaires et ceux qui ont servi de prête-noms dans les transactions, pour faux et usage de faux, abus de confiance, abus de faiblesse, escroquerie et association de malfaiteurs. « Le terrain, morcelé en plusieurs lots, a été inscrit, dans un premier temps, à des intermédiaires malgaches qui les ont revendus en 2016, à des opérateurs indiens et chinois bien connus de la place.  Chose exceptionnelle, le traitement de certains dossiers a été fait dans une célérité douteuse. Deux titres, deux mutations en deux mois entre juin et août 2014 », révèle un des avocats des plaignants. « Il va sans dire que les fonds de dossiers dans les archives des services des domaines, que ce soit à Anosy ou à Ambohidratrimo, ont disparu comme par enchantement. Les responsables ont reçu l'ordre de ne rien donner », poursuit-il. Voilà donc une affaire qui risque de ternir davantage l'image du pays et de repousser les vrais investisseurs, deux mois après la conférence de Paris et ses résultats soi-disant prometteurs. Les investisseurs étrangers ont décidé de ne pas lâcher le morceau en engageant des experts fonciers et un pool d'avocats, pour défendre leurs intérêts et tenter de rétablir la vérité dans cet imbroglio. Une nouvelle épreuve pour l'État qui doit prouver sa réelle volonté de lutter contre la corruption et d'instaurer la bonne gouvernance. Herisetra
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