Présidentielle : pas un jour, pas une heure, de plus


Le «camarade» ne méritait pas tout ce courroux. Que Henry Rabary-Njaka évoque l’article 47 alinéa 1er de la Constitution pour indiquer une fourchette de calendrier. Parce que c’est ce qu’on fait régulièrement dans les chaumières. Ah, certes, c’est vrai : personne ne semble avoir lu cette Constitution alors qu’elle a obtenu une majorité de OUI en 2010. En voici donc le texte : D’accord, Henry Rabary-Njaka est Ministre des Affaires étrangères, donc ce ne sont pas ses affaires. Et, il aurait sans doute fallu en réserver la primeur à un auditoire malgache. Surtout que c’est justement le Gouvernement, dont il est membre, qui a déposé les projets de loi qui doivent régir les prochaines élections. Tout le monde (corps diplomatique, journalistes, société civile) se demandait si le pouvoir actuel allait organiser les élections dans les temps. Et voilà qu’un membre du Gouvernement, avec l’aval ou sans l’assentiment des «sources autorisées», annonce une fourchette calendaire qui, en plus d’être plausible, n’a rien d’illégal. Donc, l’élection présidentielle aura bien lieu. Et elle aura lieu dans les délais constitutionnels. C’est une bonne nouvelle démocratique. C’est même une très bonne nouvelle démocratique. Quelle meilleure nouvelle démocratique : pas de tripatouillages de la Constitution, juste l’article 47 alinéa 1er. Comme disait l’ancien Président français, François Mitterrand, qui accusait le général de Gaulle d’un «Coup d’État permanent», il faut s’en tenir «à la Constitution, toute la Constitution, rien que la Constitution». On aurait pu s’en satisfaire. Mais, la figure de Henry Rabary-Njaka fait décidément «tête de Turc». Quoi qu’il ait pu dire, on en lui aurait voulu. Directeur de Cabinet de la Présidence, Président du Conseil d’Administration d’Air Madagascar : il s’est passé des choses pour lesquelles on en lui en veut, et pour lesquelles il n’a jamais, non plus d’ailleurs, reçu le moindre soutien des «collègues». Ce ramdam n’est pas gratuit. Le régime actuel doit en tenir compte. C’est bien un jugement d’intention sur fond de défiance. Qu’avez-vous donc fait qui mérite telle unanimité négative des Unes journalistiques (lundi 5 mars 2018) ? Au-delà de la personne du Ministre des Affaires Étrangères, que compte faire le Gouvernement pour inverser les commentaires par des actes concrets d’intérêt général ? Malheureusement, à l’impossible n’est tenu et la meilleure des communications n’y ferait rien tant que le verre à moitié vide ne serait pas véritablement rempli, et pas que de bonnes intentions. POST-SCRIPTUM : Depuis longtemps (Mamalan-kira, «Amerika anatra ihany», 20.01.2017), j’ai souhaité que la date de notre élection présidentielle soit scellée dans le marbre. Que, dès l’investiture du nouveu Président, son successeur éventuel, les Malgaches, le monde entier, sachent à quelle prochaine échéance se préparer. Une date coutumière, comme cela se passe aux États-unis, en vertu du 20ème Amendement : George W. Bush, élection 7 novembre 2000, reconnaissance de sa défaite par Al Gore le 13 décembre, investiture 20 janvier 2001 ; Barack Obama, élection le 4 novembre 2008, investiture le 20 janvier 2009 ; Donald Trump, élection le 8 novembre, investiture le 20 janvier. En écho dans la Chronique du même jour : «Dans une démocratie de la parole donnée, surtout que celle-ci est consacrée dans le marbre de la Loi Fondamentale, comme celle des États-Unis, le président fait deux mandats de quatre ans chacun, pas un de plus, pas un jour de trop. 20 janvier, midi : cette démocratie, dont la Constitution est stable depuis ses origines, voilà très exactement 230 ans, sera à l’heure» (Chronique VANF, «L’Amérique toujours à l’heure», 20.01.2017) Par Nasolo-Valiavo Andriamihaja
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